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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


XXIV. Vous dites que la gangrène se mit au pied du roi immédiatement après sa blessure à Pultava : ce ne fut qu’à Bender qu’il en parut quelques symptômes.

Si M. de La Motraye avait vu les dernières éditions du livre qu’il critique, il aurait lu qu’on commençait à craindre la

XXV. Je lui ai ouï dire (au chirurgien qui embauma le corps de Charles XII) plus d’une fois qu’il n’avait jamais vu de corps plus sain, et dont toutes les parties fussent plus parfaites, excepté que les pellicules intérieures du bas-ventre étaient si minces, ce qu’il attribuait au violent et fréquent exercice du cheval, que s’il eût vécu il n’aurait pu éviter une rupture.

Le fréquent exercice du cheval devait faire un effet contraire ; mais cette erreur est pardonnable.

XXVI. La chancellerie n’était pas toute prise, comme vous dites, puisque M. Muller, M. le conseiller Fief, et plusieurs secrétaires que j’ai rachetés à Bender, des mains des Turcs et des Tartares, ne l’étaient pas.

On a dit que presque toute la chancellerie était prise ; ce qui est vrai.

XXVII. On mit ce prince dans un carrosse qu’on avait transporté de l’autre côté du fleuve, car il n’était pas en état de monter à cheval, et le général Hord, qui était aussi blessé, y entra avec le roi. Ils traversèrent le désert qui règne entre le Borysthène et le Bog, et qui fait partie de la Scythia parva des anciens, où je m’égarai et errai pendant trois ou quatre jours sans trouver ni eau ni provisions, en 1717, à mon retour de Circassie.

Tout cela se trouve à peu près dans l’histoire, excepté la disette d’eau où s’est trouvé M. de La Motraye, en 1717, fait important, mais dont il était difficile d’être instruit.

XXVIII. Le roi accepta les rafraîchissements que ce pacha avait fait apporter, reçut ses excuses, et ne lui fit point la réprimande que vous dites.

On a le contraire écrit de la main de M. de Poniatowski.

XXIX. Le roi écrivit ensuite au Grand Seigneur la lettre que vous avez trouvée dans l’appendice de mon premier volume ; mais vous en avez changé le style, et l’avez abrégée de moitié.

Est-ce une si grande faute d’abréger un peu ces écrits publics, et de conserver seulement ce qui est essentiel ?