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NOTES SUR LES REMARQUES DE LA MOTRAYE.


représailles de l’arrêt du comte Gyllenborg à Londres, et qu’ainsi il ne put venger le baron de Görtz arrêté par les Hollandais. Cependant il y en avait alors un.

Ce ministre n’arriva en Suède que plus de quatre mois après l’élargissement du baron de Görtz en Hollande.

LVII. Vous dites, parlant des circonstances de la mort du roi, que ce que tant d’écrivains et moi-même avons avancé, touchant la conversation entre ce prince et l’ingénieur Mégret, est absolument faux.

Oui, on le dit, et on a raison de le dire. M. Siquier, qui était seul auprès du roi, a dit à l’auteur plusieurs fois, en présence de témoins, que toute cette conversation était entièrement fabuleuse : il est à Paris ; on peut s’en informer à lui-même.

LVIII. Ceux qui, ignorant tout cela, ont voulu et veulent encore que le roi ait été tué par quelqu’un de ses gens, n’ont soupçonné M. Siquier que quelques années après.

Toute l’Europe est bien persuadée du ridicule de cette calomnie ; et M. de Voltaire ne l’a rapportée que pour en faire sentir l’extravagance. Il souhaiterait que cet exemple pût servir à arrêter la licence effrénée de ceux qui imputent toujours la mort d’un prince à l’ambition de son successeur.

LIX. On trouve qu’au lieu d’abaisser si fort les Anglais de notre siècle au-dessous de ceux de Cromwell, vous les pourriez fort bien comparer à votre héros… Divers imprimés hebdomadaires de Londres vous ont fait des reproches très-vifs… Je vous plains… d’avoir, sans y penser, encouru la haine de presque toutes les nations dont vous avez eu à parler.

De quel droit, par quelle raison et avec quelle confiance osez-vous dire que M. de Voltaire a encouru la haine des nations dont il a parlé ? Il est vrai que son histoire a été longtemps le sujet de quelques débats en Angleterre, dans les papiers publics ; mais il est aisé de voir par ces papiers que l’Histoire de Charles XII servait de prétexte aux écrivains de parti. On sait les obligations que M. de Voltaire a aux Anglais ; on sait aussi son sincère attachement pour cette nation, et il vous sied bien mal de dire qu’une histoire dont on a fait deux traductions anglaises, et qu’on a imprimée plus souvent à Londres qu’à Paris, déplaît au peuple anglais. M. de Voltaire ose se flatter d’avoir plus de suffrages en Angleterre que dans sa patrie.