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PRISE DE VISMAR.
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des peuples de la Boukarie ; et d’un autre côté les Tartares de Kouban étaient réprimés.

Il semblait que ce fût le comble de la prospérité que dans la même année il lui naquît un fils de sa femme Catherine, et un héritier de ses États dans un fils du prince Alexis ; mais l’enfant que lui donna la czarine fut bientôt enlevé par la mort, et nous verrons que le sort d’Alexis fut trop funeste pour que la naissance d’un fils de ce prince pût être regardée comme un bonheur.

Les couches de la czarine interrompirent les voyages qu’elle faisait continuellement avec son époux sur terre et sur mer, et dès qu’elle fut relevée, elle l’accompagna dans des courses nouvelles.


CHAPITRE VII.
PRISE DE VISMAR. NOUVEAUX VOYAGES DU CZAR.

Vismar était alors assiégée par tous les alliés du czar. Cette ville, qui devait naturellement appartenir au duc de Mecklenbourg, est située sur la mer Baltique, à sept lieues de Lubeck, et pourrait lui disputer son grand commerce ; elle était autrefois une des plus considérables villes anséatiques, et les ducs de Mecklenbourg y exerçaient le droit de protection beaucoup plus que celui de la souveraineté. C’était encore un de ces domaines d’Allemagne qui étaient demeurés aux Suédois par la paix de Vestphalie. Il fallut enfin se rendre comme Stralsund : les alliés du czar se hâtèrent de s’en rendre maîtres avant que ses troupes fussent arrivées : mais Pierre étant venu lui-même devant la place (février), après la capitulation qui avait été faite sans lui, fit la garnison prisonnière de guerre. Il fut indigné que ses alliés laissassent au roi de Danemark une ville qui devait appartenir au prince auquel il avait donné sa nièce, et ce refroidissement, dont le ministre Görtz profita bientôt, fut la première source de la paix qu’il projeta de faire entre le czar et Charles XII,

Görtz, dès ce moment, fit entendre au czar que la Suède était assez abaissée, qu’il ne fallait pas trop élever le Danemark et la Prusse. Le czar entrait dans ses vues : il n’avait jamais fait la guerre qu’en politique, au lieu que Charles XII ne l’avait faite