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CHAPITRE LXVI.
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Les conseillers de la grand’chambre s’assemblèrent. Ils étaient exceptés du châtiment général, parce que plusieurs ayant des pensions de la cour, et leur âge devant les rendre plus flexibles, on avait espéré qu’ils seraient plus obéissants ; mais quand ils furent assemblés, ils furent saisis du même esprit que les enquêtes : ils dirent qu’ils voulaient subir le même exil que leurs confrères, et, dans cette séance même, ils décrétèrent quelques curés de prise de corps. Le roi envoya la grand’chambre à Pontoise[1], comme le duc d’Orléans régent l’y avait déjà reléguée. Quand elle fut à Pontoise, elle ne s’occupa que des affaires du schisme. Aucune cause particulière ne se présenta.

Cependant il fallait pourvoir à faire rendre la justice aux citoyens. On créa une chambre composée de six conseillers d’État et de vingt et un maîtres des requêtes[2], qui tinrent leurs séances aux Grands-Augustins, comme s’ils n’osaient pas siéger dans le palais. Les usages ont une telle force chez les hommes que le roi, en disant qu’il érigeait cette chambre de sa certaine science et de sa pleine puissance, n’osa se servir de sa puissance pour en faire enregistrer l’érection dans son conseil d’État, quoique ce conseil ait des registres aussi bien que les autres cours. On s’adressa au Châtelet, qui n’est qu’une justice subalterne. Le Châtelet se signala[3] en n’enregistrant point ; et parmi les raisons de son refus, il allégua que Clotaire Ier et Clotaire II avaient défendu qu’on dérogeât aux anciennes ordonnances des Francs. La cour se contenta de casser la sentence du Châtelet ; et en conséquence de ses ordres, une députation de la chambre se transporta au Châtelet, fit rayer la sentence sur les registres, enregistra elle-même ; et cette procédure inutile étant faite, le Châtelet fit une protestation plus inutile. On changea le nom de cette chambre, qui ne s’était appelée jusque-là que chambre des vacations[4] : elle reçut le titre de chambre royale, elle siégea au Louvre au lieu de siéger aux Augustins, et n’en fut pas mieux accueillie du public On envoya des lettres de cachet à tous les membres du Châtelet.


    marchand de draps. » Dans la seconde et dans la huitième édition, on lit : « Le président de Bésigny. »

    Dans l’édition encadrée de 1775, il y a : « Le président Moreau de Bésigny » Cette version est celle de l’édition in-4°, tome XXVII, publiée en 1777. » Mais Voltaire lui-même, dans sa lettre au comte de La Touraille, du 17 septembre 1769, reproche à l’auteur d’avoir mis Bésigny pour Nassigny. (B.)

  1. 10 mai. (Note de Voltaire.)
  2. 18 septembre. (Id.)
  3. 28 octobre. (Id.)
  4. 11 novembre 1753. (Id.)