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APOCRYPHES.

XVII.

Les Gestes du bienheureux Philippe. Il alla prêcher en Scythie. On voulut lui faire sacrifier à Mars ; mais il fit sortir un dragon de l’autel qui dévora les enfants des prêtres ; il mourut à Hiérapolis, à l’âge de quatre-vingt-sept ans. On ne sait quelle est cette ville ; il y en avait plusieurs de ce nom. Toutes ces histoires passent pour être écrites par Abdias, évêque de Babylone, et sont traduites par Jules Africain.

XVIII.

À cet abus des saintes Écritures on en a joint un moins révoltant, et qui ne manque point de respect au christianisme comme ceux qu’on vient de mettre sous les yeux du lecteur. Ce sont les liturgies attribuées à saint Jacques, à saint Pierre, à saint Marc, dont le savant Tillemont a fait voir la fausseté.

XIX.

Fabricius met parmi les écrits apocryphes l’Homélie attribuée à saint Augustin, Sur la manière dont se forma le Symbole ; mais il ne prétend pas sans doute que le Symbole, que nous appelons des apôtres, en soit moins sacré et moins véritable. Il est dit dans cette Homélie, dans Rufin, et ensuite dans Isidore, que dix jours après l’ascension, les apôtres étant renfermés ensemble de peur des Juifs, Pierre dit : Je crois en Dieu le père tout puissant ; André : Et en Jésus-Christ son fils ; Jacques : Qui a été conçu du Saint-Esprit ; et qu’ainsi chaque apôtre ayant prononcé un article, le Symbole fut entièrement achevé.

Cette histoire n’étant point dans les Actes des apôtres, on est dispensé de la croire ; mais on n’est pas dispensé de croire au Symbole, dont les apôtres ont enseigné la substance. La vérité ne doit point souffrir des faux ornements qu’on a voulu lui donner.

XX.

Les Constitutions apostoliques[1]. On met aujourd’hui dans le rang des apocryphes les Constitutions des saints apôtres, qui passaient autrefois pour être rédigées par saint Clément le Romain. La seule lecture de quelques chapitres suffit pour faire voir que les apôtres n’ont eu aucune part à cet ouvrage.

  1. On les trouve dans la collection des Conciles de Labbe, tome Ier, et dans le recueil de Cotelier, intitulé Patres œvi apostolici, sive sanctorum patrum qui temporibus apostolicis floruerunt opera edita et non edita.