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CHANT, MUSIQUE, MÉLOPÉE, ETC.

Il est vrai que ces débordements ne peuvent couvrir les campagnes que de quelques pieds d’eau ; mais la stérilité qu’ils apportent, la destruction des maisons et des ponts, la mort des bestiaux, sont des pertes qui demandent près d’un siècle pour être réparées. On sait ce qu’il en a coûté à la Hollande ; elle a perdu plus de la moitié d’elle-même depuis l’an 1050. Il faut encore qu’elle combatte tous les jours contre la mer, qui la menace, et elle n’a jamais employé tant de soldats pour résister à ses ennemis qu’elle emploie de travailleurs à se défendre continuellement des assauts d’une mer toujours prête à l’engloutir.

Le chemin par terre d’Égypte en Phénicie, en côtoyant le lac Sirbon, était autrefois très-praticable ; il ne l’est plus depuis très-longtemps. Ce n’est plus qu’un sable mouvant abreuvé d’une eau croupissante. En un mot, une grande partie de la terre ne serait qu’un vaste marais empoisonné et habité par des monstres, sans le travail assidu de la race humaine.

On ne parlera point ici du déluge universel de Noé. Il suffit de lire la sainte Écriture avec soumission. Le déluge de Noé est un miracle incompréhensible, opéré surnaturellement par la justice et la bonté d’une Providence ineffable, qui voulait détruire tout le genre humain coupable, et former un nouveau genre humain innocent. Si la race humaine nouvelle fut plus méchante que la première, et si elle devint plus criminelle de siècle en siècle, et de réforme en réforme, c’est encore un effet de cette Providence, dont il est impossible de sonder les profondeurs et dont nous adorons comme nous le devons les inconcevables mystères, transmis aux peuples d’Occident, depuis quelques siècles, par la traduction latine des Septante. Nous n’entrons jamais dans ces sanctuaires redoutables ; nous n’examinons dans nos Questions que la simple nature[1].



CHANT, MUSIQUE, MÉLOPÉE,

GESTICULATION, SALTATION[2].


Questions sur ces objets.


Un Turc pourra-t-il concevoir que nous ayons une espèce de chant pour le premier de nos mystères, quand nous le célébrons

  1. Voyez la Dissertation sur les changements arrivés dans le globe (Mélanges, année 1746).
  2. Questions sur l’Encyclopédie, troisième partie, 1770. (B.)