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CONCILES.

mettre le livre où étaient ces actes divisés par sessions, sur le tombeau de Chrysante et de Misonius, qui étaient morts pendant la tenue du concile ; on y passa la nuit en oraison, et le lendemain il se trouva que ces deux évêques avaient signé[1].

Ce fut par un expédient à peu près semblable que les Pères du même concile firent la distinction des livres authentiques de l’Écriture d’avec les apocryphes[2] : les ayant placés tous pêle-mêle sur l’autel, les apocryphes tombèrent d’eux-mêmes par terre.

Deux autres conciles, assemblés l’an 359 par l’empereur Constance, l’un de plus de quatre cents évêques à Rimini, et l’autre de plus de cent cinquante à Séleucie, rejetèrent après de longs débats le mot consubstantiel, déjà condamné par un concile d’Antioche, comme nous l’avons dit[3] ; mais ces conciles ne sont reconnus que par les sociniens.

Les Pères de Nicée avaient été si occupés de la consubstantialité du Fils que, sans faire aucune mention de l’Église dans leur symbole, ils s’étaient contentés de dire : « Nous croyons aussi au Saint-Esprit. » Cet oubli fut réparé au second concile général convoqué à Constantinople, l’an 381, par Théodose. Le Saint-Esprit y fut déclaré Seigneur et vivifiant, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié avec le Père et le Fils, qui a parlé par les prophètes. Dans la suite, l’Église latine voulut que le Saint-Esprit procédât encore du Fils, et le filioque fut ajouté au symbole, d’abord en Espagne, l’an 447, puis en France au concile de Lyon, l’an 1274, et enfin à Rome, malgré les plaintes des Grecs contre cette innovation.

La divinité de Jésus une fois établie, il était naturel de donner à sa mère le titre de mère de Dieu ; cependant le patriarche de Constantinople Nestorius soutint, dans ses sermons, que ce serait justifier la folie des païens, qui donnaient des mères à leurs dieux. Théodose le Jeune, pour décider cette grande question, fit assembler le troisième concile général à Éphèse, l’an 431, où Marie fut reconnue mère de Dieu.

Une autre hérésie de Nestorius, également condamnée à Éphèse, était de reconnaître deux personnes en Jésus. Cela n’empêcha pas le patriarche Flavien de reconnaître dans la suite deux

  1. Nicéphore, livre VIII, chapitre xxiii. Baronius et Aurelius Peruginus sur l’année 325. (Note de Voltaire.)
  2. Conciles de Labbe, tome I, page 84. (Id.)
  3. Page 129, ligne 25.