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CONCILES.

tinople, en furent chassés par des soldats. Le même décret fut encore rejeté avec mépris, l’an 794, par le concile de Francfort et par les livres carolins que Charlemagne fit publier. Mais enfin le second concile de Nicée fut confirmé à Constantinople sous l’empereur Michel et Théodora sa mère, l’an 842, par un nombreux concile qui anathématisa les ennemis des saintes images. Il est remarquable que ce furent deux femmes, les impératrices Irène et Théodora, qui protégèrent les images.

Passons au huitième concile général. Sous l’empereur Basile, Photius, ordonné à la place d’Ignace, patriarche de Constantinople, fit condamner l’Église latine, sur le filioque et autres pratiques, par un concile de l’an 866 ; mais Ignace ayant été rappelé l’année suivante (le 23 novembre), un autre concile déposa Photius ; et l’an 869 les Latins à leur tour condamnèrent l’Église grecque dans un concile appelé par eux huitième général, tandis que les Orientaux donnent ce nom à un autre concile, qui dix ans après annula ce qu’avait fait le précédent, et rétablit Photius.

Ces quatre conciles se tinrent à Constantinople ; les autres, appelés généraux par les Latins, n’ayant été composés que des seuls évêques d’Occident, les papes, à la faveur des fausses décrétales, s’arrogèrent insensiblement le droit de les convoquer. Le dernier, assemblé à Trente depuis l’an 1545 jusqu’en 1563, n’a servi ni à ramener les ennemis de la papauté, ni à les subjuguer. Ses décrets sur la discipline n’ont été admis chez presque aucune nation catholique, et il n’a produit d’autre effet que de vérifier ces paroles de saint Grégoire de Nazianze[1] : « Je n’ai jamais vu de concile qui ait eu une bonne fin et qui n’ait augmenté les maux plutôt que de les guérir. L’amour de la dispute et l’ambition règnent au delà de ce qu’on peut dire dans toute assemblée d’évêques. »

Cependant le concile de Constance, l’an 1415, ayant décidé qu’un concile général reçoit immédiatement de Jésus-Christ son autorité, à laquelle toute personne, de quelque état et dignité qu’elle soit, est obligée d’obéir dans ce qui concerne la foi ; le concile de Bâle ayant ensuite confirmé ce décret qu’il tient pour article de foi, et qu’on ne peut négliger sans renoncer au salut, on sent combien chacun est intéressé à se soumettre aux conciles.

  1. Lettre lv. (Note de Voltaire.)