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CONVULSIONS.

le premier raisonneur qui dit que ce nègre venait d’une paire blanche m’étonne bien davantage, son opinion est contraire à la mienne. Un peintre qui représente des blancs, des nègres, et des olivâtres, peut faire de beaux contrastes.


CONVULSIONS [1].


On dansa, vers l’an 1724[2], sur le cimetière de Saint-Médard ; il s’y fit beaucoup de miracles : en voici un, rapporté dans une chanson de Mme la duchesse du Maine :

Un décrotteur à la royale,
Du talon gauche estropié,
Obtint pour grâce spéciale
D’être boiteux de l’autre pied.

Les convulsions miraculeuses, comme on sait, continuèrent jusqu’à ce qu’on eût mis une garde au cimetière.

De par le roi, défense à Dieu
De faire miracle en ce lieu.

Les jésuites, comme on le sait encore, ne pouvant plus faire de tels miracles depuis que leur Xavier avait épuisé les grâces de la Compagnie à ressusciter neuf morts de compte fait, s’avisèrent, pour balancer le crédit des jansénistes, de faire graver une estampe de Jésus-Christ habillé en jésuite. Un plaisant du parti janséniste, comme on le sait encore, mit au bas de l’estampe :

Admirez l’artifice extrême
De ces moines ingénieux ;
Ils vous ont habillé comme eux,
Mon Dieu, de peur qu’on ne vous aime.

Les jansénistes, pour mieux prouver que jamais Jésus-Christ n’avait pu prendre l’habit de jésuite, remplirent Paris de convul-

  1. Dictionnaire philosophique, 1764. (B.)
  2. Le diacre Pâris, sur le tombeau duquel se firent les miracles, n’est mort que le 1er mai 1727 : Voltaire en a déjà parlé (tome XV) au chapitre xxxvii du Siècle de Louis XIV. Il parle des convulsionnaires de Saint-Médard dans les notes du Pauvre Diable et des Cabales (tome X). ainsi que dans une note de la Pucelle, chant III (tome IX). Il a parlé des convulsionnaires de Dijon au IXe siècle, dans le chapitre xxxi de l’Essai sur les Mœurs, tome XI, page 331.