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CRITIQUE.

Qui l’attache au bonheur d’autrui ;
Tous les brillants qui l’embellissent,
Tous les talents qui l’ennoblissent
Sont en lui, mais non pas à lui.

Il n’est rien que le temps n’absorbe et ne dévore

Et les faits qu’on ignore

Sont bien peu différents des faits non avenus.

La bonté qui brille en elle
De ses charmes les plus doux,
Est une image de celle
Qu’elle voit briller en vous.
Et par vous seule enrichie,
Sa politesse affranchie
Des moindres obscurités,
Est la lueur réfléchie
De vos sublimes clartés.

Ils ont vu par la bonne foi
De leurs peuples troublés d’effroi
La crainte heureusement déçue,
Et déracinée à jamais,
La haine si souvent reçue
En survivance de la paix.

Dévoile à ma vue empressée
Ces déliés d’adoption,
Synonymes de la pensée,
Symboles de l’abstraction.

N’est-ce pas une fortune
Quand d’une charge commune
Deux moitiés portent le faix,
Que la moindre le réclame,
Et que du bonheur de l’âme
Le corps seul fasse les frais ?

« Il ne fallait pas, sans doute, donner de si détestables ouvrages pour modèles à celui qu’on critiquait avec tant d’amertume ; il eût mieux valu laisser jouir en paix son adversaire de son mérite, et conserver celui qu’on avait. Mais, que voulez-vous ? le genus irritabile vatum est malade de la même bile qui le tourmentait autrefois. Le public pardonne ces pauvretés aux gens à talent, parce que le public ne songe qu’à s’amuser.

« Il voit dans une allégorie intitulée Pluton, des juges con-