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DROIT CANONIQUE.

en ont été la suite : attentats également réprouvés par la raison, le droit naturel et la religion ? S’il était une religion qui enseignât de pareilles horreurs, elle devrait être proscrite de la société comme directement opposée au repos du genre humain. Le cri des nations s’est déjà fait entendre contre ces prétendues lois canoniques, dictées par l’ambition et le fanatisme. Il faut espérer que les souverains, mieux instruits de leurs droits, soutenus par la fidélité des peuples, mettront enfin un terme à des abus si énormes, et qui ont causé tant de malheurs. L’auteur de l’Essai sur les Mœurs et l’Esprit des nations a été le premier qui a relevé avec force l’atrocité des entreprises de cette nature[1].


SECTION V[2].


De l’inspection sur le dogme.


Le souverain n’est point le juge de la vérité du dogme : il peut juger pour lui-même, comme tout autre homme ; mais il doit prendre connaissance du dogme dans tout ce qui intéresse l’ordre civil, soit quant à la nature de la doctrine, si elle avait quelque chose de contraire au bien public, soit quant à la manière de la proposer.

Règle générale dont les magistrats souverains n’auraient jamais dû se départir : rien dans le dogme ne mérite l’attention de la police que ce qui peut intéresser l’ordre public ; c’est l’influence de la doctrine sur les mœurs qui décide de son importance. Toute doctrine qui n’a qu’un rapport éloigné avec la vertu ne saurait être fondamentale. Les vérités qui sont propres à rendre les hommes doux, humains, soumis aux lois, obéissants au souverain, intéressent l’État et viennent évidemment de Dieu.


SECTION VI[3].


Inspection des magistrats sur l’administration des sacrements.


L’administration des sacrements doit être aussi soumise à l’inspection assidue du magistrat en tout ce qui intéresse l’ordre public.

On convient d’abord que le magistrat doit veiller sur la forme des registres publics des mariages, des baptêmes, des morts, sans aucun égard à la croyance des divers citoyens de l’État,

  1. Chapitre xxxix de l’Essai sur les Mœurs, tome XI, page 352.
  2. Voyez la note de la page 429.
  3. Voyez la note de la page 429.