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ÉCLIPSE.


Maxime d’une troisième, et Madela d’une quatrième ; en sorte qu’il s’en faut de beaucoup qu’ils rapportent le passage de la même manière.

On a d’ailleurs une preuve non équivoque de l’infidélité d’Eusèbe en fait de citations. Il assure que les Romains avaient dressé à Simon, que nous appelons le Magicien, une statue avec cette inscription : « Simoni deo sancto, À Simon dieu saint[1]. « Théodoret, saint Augustin, saint Cyrille de Jérusalem, Clément d’Alexandrie, Tertullien, et saint Justin, sont tous six parfaitement d’accord là-dessus avec Eusèbe ; saint Justin, qui dit avoir vu cette statue, nous apprend qu’elle était placée entre les deux ponts du Tibre, c’est-à-dire dans l’île formée par ce fleuve. Cependant cette inscription, qui fut déterrée à Rome, l’an 1574, dans l’endroit même indiqué par Justin, porte: « Semoni Sanco deo Fidio, Au dieu Semo Sancus Fidius. » Nous lisons dans Ovide que les anciens Sabins avaient bâti un temple sur le mont Quirinal à cette divinité, qu’ils nommaient indifféremment Semo, Sancus, Sanctus, ou Fidius ; et l’on trouve dans Gruter deux inscriptions pareilles, dont l’une était sur le mont Quirinal, et l’autre se voit encore à Rieti, pays des anciens Sabins.

Enfin les calculs de MM. Hodgson, Halley, Whiston, Gale Morris, ont démontré que Phlégon et Thallus avaient parlé d’une éclipse naturelle arrivée le 24 novembre, la première année de la deux cent deuxième olympiade, et non dans la quatrième année, comme le prétend Eusèbe. Sa grandeur, pour Nicée en Bithynie, ne fut, selon M. Whiston, que d’environ neuf à dix doigts, c’est-à-dire deux tiers et demi du disque du soleil ; son commencement à huit heures un quart, et sa fin à dix heures quinze minutes. Et entre le Caire en Égypte et Jérusalem, suivant M. Gale Morris, le soleil fut totalement obscurci pendant près de deux minutes. À Jérusalem, le milieu de l’éclipse arriva vers une heure un quart après midi.

On ne s’en est pas tenu à ces prétendus témoignages de Denis, de Phlégon et de Thallus ; on a allégué dans ces derniers temps l’histoire de la Chine, touchant une grande éclipse de soleil que l’on prétend être arrivée contre l’ordre de la nature, l’an 32 de Jésus-Christ. Le premier ouvrage où il en est fait mention est une Histoire de la Chine, publiée à Paris, en 1672, par le jésuite Greslon. On trouve dans l’extrait qu’en donna le Journal des Savants, du 2 février de la même année, ces paroles singulières :

  1. Voyez l’article Adorer et l’article Noël.