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ÉPOPÉE.

tique, et la restreint à paraphraser dans deux chants les premiers chapitres de la Genèse :

. . . . . . . . God saw the light was good ;
And light from darkness. . . . . . . . . . . .
Divided : light the day, and darkness night
He named. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

(Liv. VII, 249-252.)

Again God said : let there be firmament.

(Liv. V, 261.)

And saw that it was good. . . . . . . . . . . .

(Liv. V, 309.)

C’est un respect qu’il montre pour l’Ancien Testament, ce fondement de notre sainte religion.

Nous croyons avoir une traduction exacte de Milton, et nous n’en avons point. On a retranché ou entièrement altéré plus de deux cents pages qui prouveraient la vérité de ce que j’avance.

En voici un précis que je tire du cinquième chant :

Après qu’Adam et Ève ont récité le psaume cxlviii, l’ange Raphaël descend du ciel sur ses six ailes, et vient leur rendre visite, et Ève lui prépare à dîner. « Elle écrase des grappes de raisin, et en fait du vin doux qu’on appelle moût ; et de plusieurs graines, et des doux pignons pressés, elle tempéra de douces crèmes... L’ange lui dit bonjour, et se servit de la sainte salutation dont il usa longtemps après envers Marie la seconde Ève : Bonjour, mère des hommes, dont le ventre fécond remplira le monde de plus d’enfants qu’il n’y a de différents fruits des arbres de Dieu entassés sur ta table. La table était un gazon et des siéges de mousse tout autour, et sur son ample carré d’un bout à l’autre tout l’automne était empilé, quoique le printemps et l’automne dansassent en ce lieu par la main. Ils firent quelque temps conversation ensemble sans craindre que le dîner se refroidît[1]. Enfin notre premier père commença ainsi :

« Envoyé céleste, qu’il vous plaise goûter des présents que notre nourricier, dont descend tout bien, parfait et immense, a fait produire à la terre pour notre nourriture et pour notre plaisir ; aliments peut-être insipides pour des natures spirituelles. Je sais seulement qu’un père céleste les donne à tous.

« À quoi l’ange répondit : Ce que celui dont les louanges soient

  1. Mot pour mot : No fear lest dinner cool. (Note de Voltaire.)