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LOCKE.

essuya lui-même de semblables reproches de la part des catholiques. « Je vis ce ministre, dit Papin en parlant de lui[1], qui enseignait au public que tous les caractères de l’Écriture sainte, sur lesquels ces prétendus réformateurs avaient fondé leur persuasion de sa divinité, ne lui paraissaient point suffisants. Jà n’advienne, disait Jurieu, que je veuille diminuer la force et la lumière des caractères de l’Écriture ; mais j’ose affirmer qu’il n’y en a pas un qui ne puisse être éludé par les profanes. Il n’y en a pas un qui fasse une preuve et à quoi on ne puisse répondre quelque chose ; et, considérés tous ensemble, quoiqu’ils aient plus de force que séparément pour faire une démonstration morale, c’est-à-dire une preuve capable de fonder une certitude qui exclue tout doute, j’avoue que rien ne paraît plus opposé à la raison que de dire que ces caractères par eux-mêmes sont capables de produire une telle certitude. »

Il n’est donc pas étonnant que les Juifs et les premiers chrétiens, qui, comme on le voit par les Actes des apôtres[2], se bornaient dans leurs assemblées à la lecture de la Bible, aient été divisés en différentes sectes, comme nous l’avons dit à l’article Hérésie. On substitua dans la suite à cette lecture celle de plusieurs ouvrages apocryphes, ou du moins celle des extraits que l’on fit de ces derniers écrits. L’auteur de la Synopse de l’Écriture, qui est parmi les œuvres de saint Athanase[3] reconnaît expressément qu’il y a dans les livres apocryphes des choses très-véritables et inspirées de Dieu, lesquelles en ont été choisies et extraites pour les faire lire aux fidèles.



LOCKE.


SECTION PREMIÈRE[4].
SECTION II.

Il n’y a point de philosophe qui n’essuie beaucoup d’outrages et de calomnies. Pour un homme qui est capable d’y répondre

  1. Traité de la nature et de la grâce. Les Suites de la tolérance, page 12. (Note de Voltaire.)
  2. Chapitre xv, v. 21. (Id.)
  3. Tome II, page 134. (Id.)
  4. Dans les éditions de Kehl, cette première section se composait d’une partie de la treizième des Lettres philosophiques (voyez les Mélanges, année 1734). (B.)