Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome20.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
QUISQUIS. PATOUILLET.

DU GAZETIER ECCLÉSIASTIQUE.

Lorsque l’Esprit des lois parut, le gazetier ecclésiastique ne manqua pas de gagner de l’argent, ainsi que nous l’avons déjà remarqué[1], en accusant dans deux feuilles absurdes le président de Montesquieu d’être déiste et athée. Sous un autre gouvernement, Montesquieu eût été perdu ; mais les feuilles du gazetier, qui, à la vérité, furent bien vendues, parce qu’elles étaient calomnieuses, lui valurent aussi les sifflets et l’horreur du public.

DE PATOUILLET.

Un ex-jésuite, nommé Patouillet, s’avisa de faire, en 1764, un mandement sous le nom d’un prélat, dans lequel il accusait encore deux hommes de lettres connus d’être déistes et athées, selon la louable coutume de ces messieurs. Mais comme ce mandement attaquait aussi tous les parlements du royaume, et que d’ailleurs il était écrit d’un style de collége, il ne fut guère connu que du procureur général, qui le déféra, et du bourreau, qui le brûla.

DU JOURNAL CHRÉTIEN.

Quelques écrivains avaient entrepris un Journal chrétien, comme si les autres journaux étaient idolâtres. Ils vendaient leur christianisme vingt sous par mois, ensuite ils le proposèrent à quinze, il tomba à douze, puis disparut à jamais. Ces bonnes gens avaient, en 1760, renouvelé l’accusation ordinaire de déisme et d’athéisme contre M. de Saint-Foix, à l’occasion de quelques faits très-vrais, rapportés dans les Essais sur Paris. Ils trouvèrent cette fois-là dans l’auteur qu’ils attaquaient un homme qui se défendait mieux que Ramus : il leur fit un procès criminel au Châtelet. Ces chrétiens furent obligés de se rétracter, après quoi ils restèrent dans leur néant[2].

  1. Voyez page 14 ; et dans les Mélanges, année 1750, le Remerciement sincère à un homme charitable.
  2. Voyez dans les Mélanges, année 1760, la Préface du Recueil des facéties parisiennes ; et, année 1767, la dixième des Honnêtetés littéraires.