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TESTICULES.

Le docteur angélique, qui n’était que jacobin, décide[1] que deux testicules sont de essentia matrimonii, de l’essence du mariage ; en quoi il est suivi par Richardus, Scotus, Durandus, et Syvius.

Si vous ne pouvez parvenir à voir le plaidoyer de l’avocat Sébastien Rouillard, en 1600, pour les testicules de sa partie enfoncés dans son épigastre, consultez du moins le Dictionnaire de Bayle, à l’article Quellenec ; vous y verrez que la méchante femme du client de Sébastien Rouillard voulait faire déclarer son mariage nul sur ce que la partie ne montrait point de testicules. La partie disait avoir fait parfaitement son devoir. Il articulait intromission et éjaculation ; il offrait de recommencer en présence des chambres assemblées. La coquine répondait que cette épreuve alarmait trop sa fierté pudique, que cette tentative était superflue puisque les testicules manquaient évidemment à l’intimé, et que Messieurs savaient très-bien que les testicules sont nécessaires pour éjaculer.

J’ignore quel fut l’événement du procès ; j’oserais soupçonner que le mari fut débouté de sa requête, et qu’il perdit sa cause, quoique avec de très-bonnes pièces, pour n’avoir pu les montrer toutes.

Ce qui me fait pencher à le croire, c’est que le même parlement de Paris, le 8 janvier 1665, rendit arrêt sur la nécessité de deux testicules apparents, et déclara que sans eux on ne pouvait contracter mariage. Cela fait voir qu’alors il n’y avait aucun membre de ce corps qui eût ses deux témoins dans le ventre, ou qui fût réduit à un témoin : il aurait montré à la compagnie qu’elle jugeait sans connaissance de cause.

Vous pouvez consulter Pontas sur les testicules comme sur bien d’autres objets : c’était un sous-pénitencier qui décidait de tous les cas ; il approche quelquefois de Sanchez.


SECTION II[2].


ET PAR OCCASION DES HERMAPHRODITES.


Il s’est glissé depuis longtemps un préjugé dans l’Église latine, qu’il n’est pas permis de dire la messe sans testicules, et qu’il faut au moins les avoir dans sa poche. Cette ancienne idée était fondée

  1. IV. Dist. xxxiv, quest. (Note de Voltaire.)
  2. Questions sur l’Encyclopédie, neuvième partie, 1772. (B.)