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SOMMAIRES DES PIÈCES DE MOLIÈRE.


LE MARIAGE FORCÉ.


Petite pièce en prose et en un acte, représentée au Louvre le 24 janvier 1664,
et au théâtre du Palais-Royal le 15 décembre de la même année[1].


C’est une de ces petites farces de Molière, qu’il prit l’habitude de faire jouer après les pièces en cinq actes. Il y a dans celle-ci quelques scènes tirées du théâtre italien. On y remarque plus de bouffonnerie que d’art et d’agrément. Elle fut accompagnée au Louvre d’un petit ballet où Louis XIV dansa.


DON JUAN, ou LE FESTIN DE PIERRE.


Comédie en prose et en cinq actes, représentée sur le théâtre du Palais-Royal
le 15 février 1665.


L’original de la comédie bizarre du Festin de Pierre est de Triso de Molina[2], auteur espagnol. Il est intitulé el Combinado de piedra (le Convié de pierre)[3]. Il fut joué ensuite en Italie, sous le titre de Convitato di pietra. La troupe des comédiens italiens le joua à Paris, et on l’appela le Festin de pierre. Il eut un grand succès sur ce théâtre irrégulier : on ne se révolta point contre le monstrueux assemblage de bouffonnerie et de religion, de plaisanterie et d’horreur, ni contre les prodiges extravagants qui font le sujet de cette pièce. Une statue qui marche et qui parle, et les flammes de l’enfer qui engloutissent un débauché sur le théâtre d’Arlequin, ne soulevèrent point les esprits, soit qu’en effet il y ait dans cette pièce quelque intérêt, soit que le jeu des comédiens l’embellit, soit plutôt que le peuple, à qui le Festin de Pierre plaît beaucoup plus qu’aux honnêtes gens, aime cette espèce de merveilleux.

Villiers, comédien de l’hôtel de Bourgogne, mit le Festin de Pierre en vers, et il eut quelque succès à ce théâtre. Molière voulut aussi traiter ce bizarre sujet. L’empressement d’enlever des spectateurs à l’hôtel de Bourgogne fit qu’il se contenta de donner en prose sa comédie : c’était une nouveauté inouïe alors qu’une pièce de cinq actes en prose[4]. On voit par là combien l’habitude a de puissance sur les hommes, et comme elle forme les différents goûts des nations. Il y a des pays où l’on n’a pas l’idée

  1. Le 29 janvier au Louvre, et le 15 février au théâtre du Palais-Royal. Elle doit donc être classée avant la Princesse d’Élide.
  2. Tirso de Molina (Gabriel Tellez).
  3. Voici le titre de l’original espagnol : El Burlador de Sevilla y convivado de piedra.
  4. Il y en avait eu des exemples, mais qui devenaient de plus en plus rares.