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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome23.djvu/152

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EXPOSITION DU LIVRE

Bernouilli est philosophe. Tous combattirent pour Leibnitz, hors un d’eux, qui tient fermement pour l’ancienne opinion.

C’était une guerre, et on se servit d’artifices. Une de ces ruses qui firent le plus d’impression fut celle-ci :

Que le corps A soit poussé par deux puissances à la fois en A B et en A E, on sait qu’il décrit la diagonale A D ; or la puissance en A B n’augmente ni ne diminue la puissance A E, et pareillement A E ne diminue ni n’augmente A B : donc le mobile a une


force composée de A B et de A E ; mais le carré de A B et celui de A E, pris ensemble, font juste le carré de cette diagonale, et ce carré exprime la vitesse du mobile : donc la force de ce mobile est sa masse par le carré de sa vitesse.

Mais on fit voir bientôt la supercherie de ce raisonnement très-captieux.

Il est bien vrai que A B et A E ne se nuisent point, tant qu’ils vont chacun dans leur direction ; mais dès que le corps A est porté dans la diagonale, ils se nuisent : car, décomposez son mouvement une seconde fois, résolvez la force A E en A F et F E,


de sorte que A E devienne à son tour diagonale d’un nouveau rectangle ; résolvez de même A B en A D et en B D, il est clair que