Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/158

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

OBSERVATIONS

DE M. D'ARGENTAL

��SUll OLYMPIE.

��On ne saurait dissimuler que la mort extraordinaire, surnaturelle, de Sta_ tira ne choque également tout le monde. Il ne faut pas espérer qu'elle réus- sisse mieux au théâtre qu'à la lecture. Il est au contraire plus que probable que cotte mort tuera la pièce, et que le cinquième acte ne produira point d'effet.

Après avoir indiqué de nouveaux cliangetnents, V habile et sincère cri- tique termine ainsi:

Dans ce plan, on ôte le défaut majeur de la mort bizarre de Statira. On rend Ctissandre agissant, disons mieux, on le fait être ce qu'il doit être, et faire ce (lu'il doit faire : car n'est-il pas inconcevable qu'un roi jeune, pas- sionnément amoureux, qui aune armée, reste dans sa cellule à dire son cha- pelet pendant qu'il s'agit de tout pour lui ; qu'il se laisse arrêter par une prétendue loi dont il doit se moquer; qu'il attende que son sort soit décidé par un prêtre qui le traite comme un enfant, et une jeune personne, qui à la vérité l'aime, mais qui dépend d'une mère impérieuse qui est son ennemie mortelle, et qui n'a que de trop fortes armes contre lui? Encore une fois, peut-on concevoir que, dans une situation aussi critique, il reste les mains dans ses poches à attendre ce qui en arrivera? Cette résignation est celle d'un novice (jésuite encore) qui n'ose penser que d'après son général, mais elle n'est pas celle d'un roi armé du plus respectable, du plus incontestable de tous les droits, de celui d'époux. — Mais Cassandre est fait ainsi : il a fait des expiations, il craint les dieux. — Oui, il a fait des expiations, mais quand? dans un temps où tout cela se rapportait à son amour, en était autant d'actes, innocentait, si on peut se servir de ce terme, sa passion à ses yeux ; enfin, quand rien de tout cela n'allait contre son but. D'ailleurs on nous a peint ce même Cassandre comme variable, tantôt craintif, tantôt téméraire, tantôt soumis, tantôt révolté ; ainsi on ne peut pas dire qu'on le fait change r tout d'un coup de caractère. Au contraire, on justifie celui qu'on lui a donné, et assurément si ce caractère est tel, c'est bien le moment de la variation, celui de ne pas tenir compte de ces scrupules de religion qui l'intimidaient, ni de rien, quand on veut lui ôter sa femme, qu'il adore. Cela est dans la nature ; le reste n'y est pas.

�� �