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Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome25.djvu/478

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SOPHRONIME ET ADÉLOS.


naissance de la vérité que nous avons quelque faible participation de son être, comme une étincelle a quelque chose de semblable au soleil, et une goutte d’eau tient quelque chose du vaste océan.

J’aime donc la vérité quand Dieu me la fait connaître ; je l’aime, lui qui en est la source ; je m’anéantis devant lui, qui m’a fait si voisin du néant. Résignons-nous ensemble, mon cher ami, à ses lois universelles et irrévocables, et disons en mourant, comme Épictète[1] :

« Ô Dieu ! je n’ai jamais accusé votre providence. J’ai été malade, parce que vous l’avez voulu, et je l’ai voulu de même ; j’ai été pauvre, parce que vous l’avez voulu, et j’ai été content de ma pauvreté ; j’ai été dans la bassesse, parce que vous l’avez voulu, et je n’ai jamais désiré de m’élever.

« Vous voulez que je sorte de ce spectacle magnifique, j’en sors ; et je vous rends mille très-humbles grâces de ce que vous avez daigné m’y admettre pour me faire voir tous vos ouvrages, et pour étaler à mes yeux l’ordre avec lequel vous gouvernez cet univers. »

FIN DE SOPHRONIME ET ADÉLOS.
  1. Voyez le Dîner du comte de Boulainvilliers (premier entretien).