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SUR L’HISTOIRE GÉNÉRALE.

Or, comme il n’est pas probable que le jour de la naissance de Sésostris fût plus fécond que les autres, il suit évidemment qu’au bout de l’année il était né un million six cent cinquante-quatre mille cent quatre-vingts Égyptiens.

Si vous multipliez ce nombre par trente-quatre, selon la méthode de M. Kersebaum, reconnue très-exacte en Hollande, vous trouverez que l’Égypte était peuplée de cinquante-six millions deux cent quarante-deux mille cent vingt personnes. Il est vrai qu’elle n’en a jamais eu, depuis qu’elle est connue, qu’environ trois millions, et que son terrain cultivable n’est pas le tiers du terrain cultivable de la France.

Enfin Sésostris partit avec une armée de cent mille hommes, et vingt-sept mille chars de guerre. Le pays, à la vérité, a toujours eu peu de chevaux et très-peu de bois de construction ; mais ces difficultés n’embarrassent jamais les héros qui montent à cheval pour subjuguer la terre, et pour obéir à un oracle. Elles n’embarrassent pas plus M. Larcher, notre adversaire.

Nous ne répéterons point ici les grosses injures de savant qu’il prodigue à propos des velus et du bouc de Mendès, et de Sanctus Socrates pæderasta, dont il nous flatte qu’il parlera encore, et des autres injures qu’il répète d’après M. Warburton, aussi grand compilateur que lui de fatras et d’injures. Mais il nous est permis de répéter aussi que le savant M. Warburton a prétendu donner pour la plus grande preuve de la mission divine de Moïse, que Moïse n’avait jamais enseigné l’immortalité de l’âme. Nous ne sommes point de l’avis de M. l’évêque Warburton ; nous croyons l’âme immortelle ; nous pensons, comme de raison, que Moïse devait avoir la même croyance, et si l’âme de M. Larcher est mortelle, c’est à eux à le prouver. Ces disputes ne doivent point altérer la charité chrétienne ; mais aussi cette charité peut admettre quelques plaisanteries, pourvu qu’elles ne soient point trop fortes.


ARTICLE XI.


Calomnies contre Louis XIV.


Il est des faits plus graves, des calomnies plus atroces qui attaquent les rois et les nations, et qui exigent des réfutations plus complètes et plus réitérées. C’était un devoir essentiel à l’auteur du Siècle de Louis XIV, historiographe de France, de repousser les injures affreuses vomies contre la mémoire de Louis XIV et