Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/228

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LE DUC DE FOIX.

LE DLC.

Quel est donc, cher ami, ce chef audacieux, Qui, cliercliant le trépas, se cachait à nos yeux ? Sou casque était fermé. Quel charme inconcevable, Quand je lai com])attu, le rendait respectal)le ?

  • ln je ne sais quel trouble en moi sV-st élevé :
  • Soil (]ue ce triste amour, dont je suis captivé,
  • Sur mes sens égarés r(pandant sa tendresse,
  • Jusquau sein des combats m’ait prêté sa faiblesse ;
  • Qu’il ait voulu marquer toutes mes actions
  • Par la molle douceur de ses impressions ;
  • Soit plutôt que la voix de ma triste patrie
  • Parle encore en secret au cœur qui l’a trahie,

Ou que le trait fatal enfoncé dans ce cœur Corrompe en tous les temps ma gloire et mon bonheur

LISOIS.

Quant aux traits dont votre âme a senti la puissance, Tous les conseils sont vains : agréez mon silence. Mais ce sang des Français, que nos mains font couler, Mais l’État, la patrie, il faut vous en parler. Vos nobles sentiments peuvent encor paraître :

  • I1 est beau de donner la paix à votre maître :
  • Son égal aujourd’hui, demain dans l’abandon,
  • Vous vous verriez réduit à demander pardon.

Sûr enfin d’Amélie et de votre fortune, Fondez votre grandeur sur la cause commune ; Ce guerrier, quel qu’il soit, remis entre vos mains, Pourra servir lui-même à vos justes desseins :

  • De cet heureux moment saisissons l’avantage.

LE DUC.

Ami, de ma parole Amélie est le gage ;

Je la tiendrai : je vais de ce même moment

Préparer les esprits à ce grand changement.

A tes conseils heureux tous mes sens s’abandonnent ;

La gloire, l’hyménée et la paix me couronnent.

Et, libre des chagrins où mon cœur fut noyé.

Je dois tout à l’amour, et tout à l’amitié.