Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome3.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LISOIS.

Ciel ! faut-il voir ainsi, par des caprices vains,
Anéantir le fruit des plus nobles desseins ?
L’amour subjuguer tout ? ses cruelles faiblesses
Du sang qui se révolte étouffer les tendresses ?
Des frères se haïr, et naître en tous climats
Des passions des grands le malheur des États ?
Prince, de vos amours laissons là le mystère ;
Je vous plains tous les deux, mais je sers votre frère ;
Je vais le seconder, je vais me joindre à lui
Contre un peuple insolent qui se fait votre appui.
Le plus pressant danger est celui qui m’appelle ;
Je vois qu’il peut avoir une fin hien cruelle ;
Je vois les passions plus puissantes que moi,
Et l’amour seul ici me fait frémir d’effroi.
Je lui dois mon secours ; je vous laisse, et j’y vole.
Soyez mon prisonnier, mais sur votre parole ;
Elle me suffira.

VAMIR.

Je vous la donne.

LISOIS.

Et moi,
Je voudrais de ce pas porter la sienne au roi ;
Je voudrais cimenter, dans f ardeur de lui plaire,
Du sang de nos tyrans une union si chère.
Mais ces fiers ennemis sont bien moins dangereux
Que ce fatal amour qui vous perdra tous deux.


FIN DU TROISIÈME ACTE.