Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/105

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larmes de le faire mourir, de peur qu’il n’entrât dans l’église, que Jésu, qui est omousios, et non pas omoiousios, envoya sur-le-champ au prêtre Arious une envie démesurée d’aller à la selle. Toutes ses entrailles lui sortirent par le derrière, et il ne communia pas. Cette émigration des entrailles est physiquement impossible : et c’est ce qui rend le miracle plus beau et plus avéré.


Chapitre XIX. De la donation de Constantin, et du pape de Rome Silvestre. Court examen si Pierre a été pape a Rome.

On a cru pendant douze cents ans que Constantin avait fait présent de l’empire d’Occident à l’évêque de Rome Silvestre. Ce n’était pas absolument un article de foi, mais il en approchait tant qu’on faisait brûler quelquefois les gens qui en doutaient. Cette donation n’était en effet qu’une restitution de la moitié de ce qu’on devait à Silvestre, car il représentait Simon Barjone, surnommé Pierre, qui avait tenu vingt-cinq ans le pontificat romain sous Néron, qui n’en régna que treize ; et Simon Barjone avait représenté Jésu, à qui tous les royaumes appartiennent.

Il faut d’abord prouver en peu de mots que Simon Barjone tint le siège à Rome.

En premier lieu, le livre des actions des apôtres ne dit en aucun endroit que ce Barjone Pierre ait été à Rome ; et Paul, dans ses lettres, insinue le contraire. Donc il y voyagea, et il y régna vingt-cinq ans sous Néron ; et si Néron ne régna que treize ans, on n’a qu’à en ajouter douze, cela fera vingt-cinq.

En second lieu, il y a une lettre attribuée à Pierre, dans laquelle il dit expressément qu’il était à Babylone donc il est clair qu’il était à Rome, comme l’ont démontré plusieurs papistes.

En troisième lieu, des faussaires reconnus, nommés Abdias et Marcel, ont attesté que Simon le Magicien ressuscita à moitié un parent de Néron, et que Simon Barjone Pierre le ressuscita tout à fait ; que Simon le Magicien vola dans les airs devant toute la cour, et que Simon Pierre, plus grand Magicien, le fit tomber, et lui cassa les deux jambes ; que les Romains firent un dieu de Simon l’estropié ; que Simon Pierre rencontra Jésu à une porte de Rome ; que Jésu lui prédit sa glorieuse mort, qu’il fut crucifié la tête en bas, et solennellement enterré au Vatican.

Enfin le fauteuil de bois dans lequel il prêcha est encore dans