Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/128

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Qui doit être le favori d’un roi ? Le peuple[1] ; mais le peuple parle trop haut.

L’imagination galope ; le jugement ne va que le pas. Il faut avoir une religion, et ne pas croire aux prêtres ; comme il faut avoir du régime, et ne pas croire aux médecins.

En ayant bien dans le cœur que tous les hommes sont égaux, et dans la tête que l’extérieur les distingue, on peut se tirer d’affaire dans le monde.

Plusieurs savants[2] sont comme les étoiles du pôle, qui marchent toujours et n’avancent point.

On dit des gueux qu’ils ne sont jamais hors de leur chemin : c’est qu’ils n’ont point de demeure fixe. Il en est de même de ceux qui disputent sans avoir des notions déterminées.

Nous traitons les hommes comme les lettres que nous recevons ; nous les lisons avec empressement, mais nous ne les relisons pas[3].

Ou mon remède est bon, ou il est mauvais : s’il est bon, il faut le prendre ; s’il est mauvais… mais il est bon. — Langage de charlatans en plus d’un genre.

Bayle dit quelque part que les courtisans sont comme des laquais, parlant entre eux de leurs gages, de leurs profits, se plaignant, et médisant de leurs maîtres. Et milord Halifax, que les cours sont un assemblage de gueux du bel air et de mendiants illustres. Il dit que quand on n’a pas quelquefois plus d’esprit et de courage qu’il ne faut, on n’en a pas souvent assez.

Cromwell disait qu’on n’allait jamais si loin que quand on ne savait plus où on allait.

L’Estoc le chirurgien avait fait deux enfants à la princesse Élisabeth, et l’avait faite impératrice pour récompense il lui

  1. Voltaire a cité cette pensée comme étant d’un ancien ; voyez tome XIX, page 93.
  2. Jouy, citant cette pensée comme un propos, écrit : « Nos savants d’Allemagne. »
  3. Laharpe remarquait, à l’occasion de cette phrase, qu’on relit les lettres d’amour, et qu’on revoit les personnes qui plaisent. (B.)