Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/148

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XIV. — Or ceux (|iii ont lu Spinosa, cl ([ui l'entendent, savent qu'il po.>e uni(|uement ses idées et son entcndemenl [)our fondement de toute chose.

Spinosa ne nio poiiil un Dieu ; il iii(3 la création ; il admot la morale.

XV. — Comme ces malheureux philosophes donnent tant à leurs lumières, et ont coutume d'user do toute la subtilité imaginable pour tâcher d'éluder la force des ariruments de métaphysi((ue, (|uoique fondés sur de bons raisonne- ments, l'unique chose que j'aie vu pratiquer avec succès pour les dépouiller do cette insupportable sudisance de vouloir comprendre toute chose, et les convaincre de la médiocrité ue leur pénétration, ce qui est surtout très-néces- saire pour leur conversion, a été de les mener dans un laboratoire de chi- miste ou dans un autre endroit oîi l'on fait ordinairement des expériences de physique, et de leur demander si ceci ou cela se faisait, quelles suites ils pensent qu'il en devrait résulter suivant leur conception et leurs idées?

Très-mauvais raisonnement.

XVI. — Les premiers (acheminements à l'athéisme) sont les préjugés, dont quelques-uns sont nés avec nous, ou tirent leur origine d'un assujettissement à nos sens extérieurs. C'est ainsi, par exemple, qu'on se figure que le soleil n'est pas plus grand qu'une assiette ou (pi'un petit plat, et (ju'il n'est que très- peu éloigné de nous, etc.

Verbiage et fausseté.

XVII. — Si on leur faisait voir la force inconcevable de l'air dont ils sont entourés, et qu'à moins d'une sagesse suprême qui par une opposition de forces sut tenir en bride celle de l'air ils seraient en un instant réduits en poudre^ et qu'on leur fît comprendre le terrible mouvement de la lumière, laquelle, si elle n'était liée à des lois qui la font égarer et dissiper, serait capable de mettre en feu et en flammes tout le globe terrestre en peu de minutes; qui pourrait douter, s'il a quelque étincelle de raison, que ces gens-là ne soient portés par là à louer et à magnifier la grandeur, la sagesse, et le pouvoir d'un Dieu?

Dis donc à remercier.

XVIII. — El ce qui m'a surpris encore, c'est de voir que des gens, qui ont de l'esprit d'ailleurs, prétendent même expli({uer comment ont été faites, dès le commencement, toutes les choses qui sont renfermées entre la circon- férence du firmament et son centre.

Il en veut à Descaries ; et il a raison.

XIX. — Sous cette fausse manière de diriger ses pensées doit être com- prise aussi celle de vouloir^ par une même Iti/polhêse, expliquer Ions les

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