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222 REMARQUES SUR LE CID.

11 liuil venger un père cl perdre une maîtresse. L'un m'anime le cœur, l'autre retient mon bras. Réduit au triste choix, ou do trahir ma flamme, Ou de vivre en infâme. Des deux côtés mon mal est infini, Dieu, l'étrange peine ! Faut-il laisser un aflront impuni ? Faut-il punir le père de Chimène ?

Corneille corrigea depuis cette stance ainsi' :

Il vaut mieux courir au trépas. .le dois à ma maltresse, aussi bien qu'à mon père : J'attire en me vengeant sa haine et sa colère; J'attire ses mépris en ne me vengeant pas. A mon plus doux espoir l'un me rend infidèle, Et l'autre indigne d'elle. iMon mal augmente à le vouloir guérir;

Tout redouble ma peine. Allons, mon âme; et puisqu'il faut mourir, Mourons du moins sans offenser Chimène!

Vers 20. Faut-il punir le père de Chimène?

Yo lie de matar al padre de Ximena?

Vers 49. Allons, mon bras, sauvons du moins l'honneur.

L'Académie avait approuvé allons, mon âme; et cependant Cor- neille le changea, et mit allons, mon biris-. On ne dirait aujour- d'hui ni l'un ni l'autre. Ce n'est point un effet du caprice de la langue, c'est qu'on s'est accoutumé à mettre plus de vérité dans le langage. Allons signifie marchons, et ni un bras ni une âme ne marchent; d'ailleurs nous ne sommes plus dans un temps où l'on parle à son bras et à son àme.

Vers o8. Ne soyons plus en peine

(Puisque aujourd'hui mon père est l'offensé ), Si l'offenseur est père de Chimène.

Habiendo sido : .Mi padre el ofendido; Poco importa que fuese El ofensor el padre de Ximena.

1. L'édition de 1004 contient les deux stances ; l'une est la seconde, Tautre la quatrième.

2. Dans l'édition de ITiGi, Corneille a laissé l'un et l'autre. Allons, mon âme, est dans la quatrième slroiilic; allons, mon bras, est dans la cinquième.

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