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SUR LES PENSÉES DE PASCAL. 47

heureux s'en glorifient, mais que ceux mêmes qui n'y sont pas croient qu'il leur est glorieux do feindre d'y Otre. Car l'expérience nous fait voir ([ue la plupart de ceux qui s'en mêlent sont de ce dernier genre, que ce sont des gens qui se contrefont, et qui ne sont pas tels qu'ils veulent paraître. Ce sont des personnes qui ont ouï dire que les belles manières du monde consistent à faire ainsi l'emporté. P.

Cette capucinade n'aurait jamais été répétée par un Pascal si le fanatisme janséniste n'avait pas ensorcelé son imagination. Comment n'a-t-il pas vu que les fanatiques de Rome en pouvaient dire autant à ceux qui se moquaient de Numa et d'Égérie; les énergumènes d'Egypte, aux esprits sensés qui riaient d'Isis, d'Osiris, etd'Horus; le sacristain de tous les pays, aux honnêtes gens de tous les pays ? V.

XLIIL — S'ils y pensaient sérieusement, ils verraient que cela est si mal pris, si contraire au bon sens, si opposé à l'honnêteté, et si éloigné en toute manière de ce bon air qu'ils cherchent, que rien n'est plus capable de leur attirer le mépris et l'aversion des hommes, et de les faire passer pour des personnes sans esprit et sans jugement. Et en effet, si on leur fait rendre compte de leurs sentiments, et des raisons qu'ils ont de douter de la religion, ils diront des choses si faibles et si basses qu'ils persuaderont plutôt du contraire. P.

Ce n'est donc pas contre ces insensés méprisables que vous devez disputer, mais contre des philosophes trompés par des arguments séduisants. V.

XLIV. — C'est une chose horrible do sentir continuellement s'écouler tout ce qu'on possède, et qu'on puisse s'y attacher sans avoir envie de cher- cher s'il n'y a point quelque chose de permanent. P.

Durum, sed levius fit patientia,

Quid(}uid corrigere est nefas ^ V. \

XLV. — De se tromper en croyant vraie la religion chrétienne il n'y a pas grand' chose à perdre; mais quel malheur de se tromper en la croyant fausse! P.

Le flamen de Jupiter, les prêtres de Cyhèle, ceux d'Isis, en disaient autant ; le muphti, le grand-lama, en disent autant. 11 faut donc examiner les pièces du procès. V.

XLVL — Entreprenez de tirer ces gens-là de cette situation en faisant valoir l'argument de M. Locke, ils vous diront sans doute qu'il y aurait de

1. Horace, livre I, ode xsiv. 3L — Mélanges. X. 2

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