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306 REMARQUES SUR LES IIORACES.

proportionner sa douleur à son état, on n'est pas même poéti- quement affligé.

Vers 17. Un oracle m'assure, un songe me travaille.

M'assure ne signifie pas me rassure, et c'est me rassure que l'auteur entend. Je suis, effrayé, on me rassure. Je doute d'une

chose, on m'assure qu'elle est ainsi issurer avec l'accusatif

ne s'emploie que pour certifier : J'assure ce fait; et en termes d'art il signifie affrrmir : Assurez cette solive, ce chevron.

Vers 20. l'our combattre mon frère on choisit mon amant.

Cette récapitulation de la pièce précédente n'est-elle point encore l'opposé d'une affliction Yéntuhle? Curœ levés loquuntur^.

Versio. Dégénérons, mon cœur, d'un si vertueux père, etc.

Ce dèycniirons, mon cœur, cette résolution de se mettre en co- lère, ce long discours, cette nouvelle sentence mal exprimée, que c'est gloire de passer pour un cœur ahaltu, enfin tout refroidit, tout glace le lecteur, qui ne souhaite plus rien. C'est, encore une fois, la faute du sujet. L'aventure des Horaces, des Curiaces, et de Camille, est plus propre en effet pour l'histoire que pour le théâtre.

On ne peut trop honorer Corneille, qui a senti ce défaut, et qui en parle dans son Examen avec la candeur d'un grand homme.

Vers 55. Il vient, préparons-nous à monti'or constamment Ce que doit une amante à la mort d'un amant.

Prcparons-nous augmente encore le défaut. On voit une femme qui s'étudie à montrer son affliction, qui répète, pour ainsi dire, sa leçon de douleur.

SCÈNE V.

Vers I. 3Ia sœur, voici le bras (jui venge nos deux frères, etc.

Ce n'est plus là l'Horace du second acte. Ce h^as trois fois répété, et cet ordre de rendre ce ciu'on doit II l'heur de sa victoire, témoignent, ce semhle, plus de vanité que de grandeur : il ne

1. C'est Sùncque qui a dit {Hipp.,l], m, vers 007):

Curœ levés loquunlur, Irgcntcs slupent.

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