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ACTE II, SCÈNE I. 333

Vers 113. Et ce n'esl (|u"un objet digne de nos mépris, Si do ses pleins ofTets l'infauiio est le prix.

Cette phrase n'a pas la clarté, l'élégance, la justesse néces- saires. La vertu est donc un ol)jct digne de nos mépris, si l'infa- mie est le prix de ses pleins eflets. Remarquez de plus qu'infamie n'est pas le mot propre. Il n'y a point d'infamie à renoncer à l'empire.

Vers 117. 31ais commet-on un crime indigne de pardon, Quand la reconnoissance est au-dessus du don ?

La rime a encore produit cet hémistiche, incligne de pardon : ce n'est assurément pas un crime impardonnable de donner plus qu'on n'a reçu. Les vers, pour être bons, doivent avoir l'exactitude de la prose en s'élevant au-dessus d'elle.

Vers 125. Et peu de généreux vont jusqu'à dédaigner

Après un sceptre acquis la douceur de régner.

Après un sceptre acquis, cet hémistiche n'est pas heureux, et ces deux vers sont de trop après celui-ci :

Mais pour y renoncer il faut la vertu même.

C'est toujours gâter une belle pensée que de vouloir y ajouter : c'est une abondance vicieuse.

Vers 131. Il passe pour tyran quiconque s'y fait maître...

Cet il, qui était autrefois un tour très-heureux, la tyrannie de l'usage l'a aboli. Il est un tyran celui qui asservit son pays, il est un perfide celui qui manciue à sa parole : on a encore conservé ce tour, ils sont dangereux ces ennemis du théâtre, ces rigoristes outrés.

Vers 132. Qui le sert pour esclave, et qui Taime pour traître.

Voilà encore de cette abondance superflue et stérile. Pourquoi celui qui aime un usurpateur est-il traître? Il n'est certainement pas traître parce qu'il l'aime. Quand on dit qu'il est esclave, on a tout dit ; le reste est inutile.

Vers 133. Qui le souflre a le cœur lâche, mol, abattu.

On ne se sert plus du terme mol. De plus, ces trois épithètes forment un vers trop négligé ; la précision y perd, et le sens n'y gagne rien.

Vers 164. Dans le champ du public largement ils moissonnent. Il y avait auparavant : Dedans le champ d'autrui.

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