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ACTE IV, SCÈNE IV. 355

11 la lit avoiior que le monologue est un t)eu long. Les étran- gers ne peuvent souiïrir ces scènes sans action, et il n'y a peut- être pas assez d'action dans Cinna.

Vers 57. La vie est peu de chose, et le pou qui t'en reste Ne vaut pas l'aclieter par un prix si funeste.

iVc vaut pas l'acheter par un prix si funeste. C'est ici le tour de phrase italien. On dirait bien non raie il comprar; c'est un trope dont Corneille enrichissait notre langue.

Vers G"j. Mais jouissons plutôt nous-mêmes de sa peine. Peine ici veut dire supplice.

Vers 71. Qui dos deux dois-je suivre, et duquel ni'éloigner ? Ou laissez-moi périr, ou laissez-moi régner.

Ces expressions, qni des deux, duquel, n'expriment qu'un froid embarras ; elles peignent un homme qui veut résoudre un pro- blème, et non un cœur agité. Mais le dernier vers est très-beau, et est digne de ce grand monologue.

SCÈNE IV.

AUGUSTE , LIVIE.

On a retranché toute cette scène au théâtre depuis environ trente ans. Rien ne révolte plus que de voir un personnage s'in- troduire sur la fin sans avoir été annoncé, et se mêler des intérêts de la pièce sans y être nécessaire. Le conseil que Livie donne à Auguste est rapporté dans l'histoire ; mais il fait un très-mauvais effet dans la tragédie. 11 ôte à Auguste la gloire de prendre de lui-même un parti généreux. Auguste répond à Livie : Vous m'ariez bien promis des conseils d'une femme; vous me tenez parole; et après ces vers comiques, il suit ces mêmes conseils. Cette conduite l'avilit. On a donc eu raison de retrancher tout le rôle de Livie, comme celui de l'infante dans le Cid. Pardonnons ces fautes au commencement de l'art, et surtout au sublime, dont Corneille a donné beaucoup plus d'exemples qu'il n'en a donné de faiblesses dans ses belles tragédies.

Vers 27. J'ai trop par vos avis consulté là-dessus.

Lit-dessus, là-dessous, ci-dessus, ci-dessous, termes familiers qu'il faut absolument éviter, soit en vers, soit en prose.

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