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360 REMARQUES SUR CINNA.

SCÈNE VII.

MAXIME, seul.

Autant que le spectateur s'est prêté au monologue important d'Auguste, qui est un personnage respectable, autant il se refuse au monologue de Maxime, qui excite l'indignation et le mépris. Jamais un monologue ne fait un bel olfet que quand on s'inté- resse à celui qui parle ; que quand ses passions, ses vertus, ses malbcurs, ses faiblesses, font dans son àme un combat si noble, si attacbant, si animé, que vous lui pardonnez de parler trop longtemps à soi-même.

Vers 3 Et quel est le supplice

Que ta vertu prépare à ton vain artifice ?

Ce mot de vertu dans la bouche de Maxime est déplacé, et va jusqu'au ridicule.

Vers 7. Sur un même ëchafaud la perle de sa vie Étalera sa gloire et ton ignominie.

Il n'y avait point Vl'échafauds chez les Romains pour les cri- minels. L'appareil barbare des supplices n'était point connu, excepté celui de la potence en croix pour les esclaves.

Vers 11. Un même jour t'a vu par une fausse adresse Traliir ton souverain, ton ami,- ta maîtresse.

Fausse adresse est trop faible, et Maxime n"a point été adroit.

Vers 19. Jamais un affranchi n'est qu'un esclave infâme.

Il ne paraît pas convenable qu'un conjuré, qu'un sénateur reproche à un esclave de lui avoir fait commettre une mauvaise action; ce reproche serait bon dans la bouche d'une femme faible, dans celle de Phèdre par exemple à l'égard d'OEnone, dans celle d'un jeune homme sans expérience ; mais le spectateur ne peut souffrir un sénateur qui débite un long monologue pour dire à son esclave, qui n'est pas là, qu'il espère qu'il pourra se venger de lui, et le punir de lui avoir fait commettre une action infâme.

Vers 25. Mon cœur te résistoit, et tu l'as combattu

Jusqu'à ce ((ue la fourbe ait souillé sa vertu.

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