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ACTE I, SCÏ:XE I. 375

Vers 55. Jaloux des bons desseins (ju'il tâche d'ébranler, Quand il no peut les rompre, il pousse à reculer.

Les rompre, demi-rompu, rompes. Ce mot rompre , si souvent répété, est d'autant plus vicieux qu'on ne dit ni rompre lui des- sein, ni rompre un coup.

Vers 57. D'obstacle sur obstacle il va troubler le vôtre,

Aujourd'hui par des pleurs, chaque jour par quci(iu(> autre.

Après par des pleurs, il lailait spécifier un autre obstacle. Chaque jour par quelque autre; il semble que ce soit par quelque autre pleur. Le sens est clair, à la vérité, mais la phrase ne l'est pas.

Ici le sons me choque, et plus loin c'est la phrase.

(BoiLEAU, Artpoét., 204.)

" Ces petites négligences multipliées se font plus sentir à la lecture qu'au théâtre ; rien ne doit échapper aux lecteurs qui veulent s'instruire. Quand Virgile eut appris aux Romains à faire des vers toujours nobles et élégants, il ne fut plus permis d'écrire comme Ennius.

Vers 87. Sur mes pareils, Néarque, un bel œil est bien fort.

On ne dirait plus aujourd'hui sur mes pareils, ni wi bel œil. Ce terme de pareil, dont Rotrou et Corneille se sont toujours ser- vis, et que Racine n'emploj'a jamais, semble caractériser une petite vanité bourgeoise. Un bel œil est toujours ridicule, et beau- coup plus dans un mari que dans un amant. Fâcher un bel œil est encore pis.

Vers 1 01 Apaisez donc sa crainte.

On apaise la colère, et non la crainte.

Vers 104. Fuyez un ennemi qui sait votre défaut.

Qui le trouve aisément, qui blesse par la vue.

Et dont le coup mortel vous plaît quand il vous tue.

Plusieurs personnes ont cru que Néarque ne devait pas parler ainsi d'une épouse. Que dirait-il de plus si c'était une maîtresse ? Le mot tue semble ici un peu trop fort, car, après tout, une com- plaisance de quelques heures pour sa femme tuerait-elle l'âme- de Polyeucte?

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