Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/439

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE I, SCI- M' I. 439

Vers 132. Comme il parla pour vous, vous parlerez pour lui- Ainsi vous le pouvez et devez reconnoître.

On reconnaît un l)ienfait, mais non pas la personne. Je vous; reconnais n'est pas IVançais, et ne l'orme point de sens, à moins qu'il ne signifie au propre : Je ne vous remettais pas, et je vous recon- nais; ou hion je )-cconnais Ut votre caractère .

Vers 161. Sire, je suis Romain, etc.

Le raisonnement de Septime est encore plus fort que celui d'Acliillas. Cette scène est au fond parfaitement traitée, et à quel- ques fautes près (qu'on est toujours obligé de remarquer pour l'utilité des jeunes gens et des étrangers), elle est très-forte de raisonnement.

Vers 1G9 C'est lui laisser, et sur mer et sur terre,

La suite d'une longue et difficile guerre.

Il faut éviter autant qu'on peut ces hémistiches trop com- muns, et sur mer et sur terre, qui ne sont que pour la rime, et qui font tout languir; laisser la suite d'une guerre n'est pas français.

Vers 173. Le livrer à César n'est que la même chose;

expression trop familière et trop triviale : de plus, livrer Pompée à César n'est pas la même chose que le renvoyer. Il y a une différence immense entre laisser un homme en liberté, et le mettre dans les mains de son ennemi.

Vers 180. Ausii bien qu'à Pompée il vous voudra du mal.

// vous voudra du mal est une expression de comédie.

Vers 181. Il faut le délivrer du péril et du crime.

Assurer sa puissance et sauver son estime.

Sauver son estime ne forme aucun sens. Veut-il dire que Pto- lomée conservera l'estime qu'on a pour César, ou l'estime que César a pour Ptolomée, ou l'estime que César fait de lui-même ? Dans les trois cas, sauver l'estime est trop impropre. J'évite d'être long, et je deviens obscur^.

Vers 189. N'examinons donc plus la justice des causes. Et cédons au torrent qui roule toutes choses.

Des causes est un terme de barreau. Toutes choses est trop prosaïque, quoique dans les délibérations la poésie tragique ne

1. Boileau, Art poétique, I, UC.

�� �