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exami:n de i'o.mi'ée. 479

réussir. Telle est la force de ce génie que celte pièce l'emporte encore sur mille pièces régulières, que leur froideur a fait oublier. Trente beaux vers de (lornélie valent beaucoup mieux qu'une pièce médiocre.

Vers oO. Que ces longs cris de joie ctoufTent vos soupirs, Et puissent ne laisser dedans volro pensée Que l'image des traits dont inon ànie est blessée !

Voilà de ces métaphores qui ne paraissent pas naturelles. Comment peut-on avoir dans sa pensée l'image d'un trait qui a blessé uneîtme? Ces figures forcées expriment toujours mal le sentiment. César veut dire: Puissiez-vous ne vous occuper que de mon amour ! Il pouvait y ajouter encore de sa gloire. Ces senti- ments doivent être toujours exprimés noblement, mais jamais d'une manière recherchée.

��EXAiMEN DE POMPEE

PAR CORNEILLE.

Pour le style, il est plus élevé en ce poënie qu'en aucun des miens, et ce sont, sans contredit, les vers les plus pompeux que j'aie faits.

Il est important de faire ici quelques réflexions sur le style de la tragédie. On a accusé Corneille de se méprendre un peu à cette pompe des vers, et à cette prédilection qu'il témoigne pour le style de Lucain ; il faut que cette pompe n'aille jamais jusqu'à l'enflure et à l'exagération ; on n'estime point dans Lucain : Bclla per Emathios plus quam civilia campos^. On estime: Nil actum rcputans si qiiid superesset agendum'^.

De même les connaisseurs ont toujours condamné, dans Pompée, les fleuves rendus rapides par le débordement des parricides, et tout ce qui est dans ce goilt. Mais ils ont admiré :

ciel ! que de vertus vous me faites haïr!

��Restes d'un demi-dieu dont à peine je puis Égaler le grand nom, tout vainqueur que j'en suis

��1. Phars., I, 1.

2. Ihid., il, GoT.

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