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REMARQUES

SUR LE MENTEUR

COMÉDIE REPRÉSENTÉE EN 1 G i 2.

��AVERTISSEMENT DU COMMENTATEUR.

Il faut avouer que nous devons à l'Espagne la première tra- gédie touchante et la première comédie de caractère qui aient illustré la France. Ne rougissons point d'être venus tard dans tous les genres. C'est beaucoup que, dans un temps où l'on ne connaissait que des aventures romanesques et des turlupinades, Corneille mît la morale sur le théâtre. Ce n'est qu'une traduction ; mais c'est probablement à cette traduction que nous devons Molière. Il est impossible, en efTet, que l'inimitable Molière ait vu cette pièce sans voir tout d'un coup la prodigieuse supériorité que ce genre a sur tous les autres, et sans s'y livrer entièrement. ïl y a autant de distance de Mélite au Menteur que de toutes les comédies de ce temps-là à Mèlite : ainsi Corneille a réformé la scène tragique et la scène comique par d'heureuses imitations. Nous nous conformons à l'édition que Corneille donna en 1644 *, édition devenue extrêmement rare, dans laquelle on trouve le Cid avec les imitations de Guillem de Castro, Pompée avec les imita- tions de Lucain, et le Menteur avec des vers assez curieux qui ne sont dans aucune autre édition. Corneille ne mit point au bas des pages du Menteur les traits qu'il prit dans Lope ou dans Roxas ; on ne sait qui de ces deux poètes espagnols est l'auteur de cette comédie -.

\. C'est la mauvaise édition que Voltaire eut d'abord sous la main. Aus>i va-t-il

critiquer beaucoup de vers que Corneille a corrigés dans les éditions postérieures.

2. La Verdad sospechosa y por otro litulo cl Mentiroso n'est ni de Lope ni

31. — CoMM. SLR Corneille. I. 31

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