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ACTE II, SCÈNE III. 491

��SCEM-: IJI.

Vers 7. Ton pèro va descendre, ànie double et sans foi !

Tout cela paraît rlioqiior un peu la hicnséanco; mais on pardonne au temps où Corneille écrivait : on tutoyait alors au théâtre. Le tutoiement, qui rend le discours plus serré, plus vil', a souvent de la noblesse et de la force dans la tragédie; on aime à voir Rodrigue et Cliimène l'employer. Remarquez cependant que l'élégant Racine ne se permet guère le tutoiement que quand un père irrité parle à son fils, ou un maître à un confident, ou quand une amante emportée se plaint à son amant.

Je ne t'ai point aimé! Cruel, qu'ai-je donc fait^? Hermione dit :

Ne devois-tu pas lire au fond de ma pensée - ? Phèdre dit:

Eh bien! connois donc Phèdre, et toute sa fureur ^.

Mais jamais Achille, Oreste, Britannicus, etc., etc., ne tutoient leurs maîtresses. A plus forte raison cette manière de s'exprimer doit-elle être bannie de la comédie, qui est la peinture de nos mœurs. Molière en fait usage dans le Dépit amoureux ; mais il s'est ensuite corrigé lui-même.

Vers 31. Si je le vis jamais, et si je le connoi....

— Ne viens-je pas de voir son père avecque toi?

Voilà encore connois ou connoi qui rime avec toi. Voilà une nouvelle preuve qu'on prononçait je connois, ou bien j> connoi, en retranchant la lettre s, comme nous prononçons j'aperçois, je vois, loi, roi: tous les oi prononcés comme écrits avec l'o. Aujourd'hui qu'on prononce je connais, je parais, je verrais, f aimerais, il est clair qu'il faut un a.

Vers 33. Tu passes, infidèle, âme ingrate et légère, La nuit avec le fils, le jour avec le père.

Cette idée ne serait pas tolérable s'il n'était question d'une fêle qu'on a donnée. Le théâtre doit être l'école des mœurs.

1. Andromaque. IV, v. 3. Phèdre, II, v.

2 Ibid., v, iri. 4. Acte III, scène v.

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