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ACTE II, SCKM- IV. 4'J3

mais il faut observer que c'est un amant au désespoir qui veut appeler son rival en duel. Les expressions suivent ordiiiairemont le caractère des passions qu'elles expriment.

Intordum tamon et vocem comœdia toUit '.

Vers 11. Le voici ce rival que son père t'amène.

On ne conçoit pas trop comment Alcippe peut voir entrer Dorante. Le premier vers de la cinquième scène prouve que Do- rante et Géronte son père sont dans une place publique, ou dans une rue sur laquelle donnent les fenêtres de Clarice, ou à toute force dans le jardin des Tuileries, qui est le premier lieu de la scène, quoiqu'il soit assez peu vraisemblable que tous les per- sonnages de cette comédie passent leur journée et ne fassent leurs affaires qu'en se promenant dans un jardin. Or Alcippe est encore dans la maison de Clarice: car ce n'est sûrement ni dans la rue, ni dans un jardin public, que Géronte vient rendre visite à Clarice et lui proposer son fils en mariage. Ce n'est pas non plus dans la rue que Clarice découvre à sa soubrette les secrets de son cœur. Enfin ce ne peut pas être dans la rue qu'Alcippe vient débiter à sa maîtresse deux pages d'injures, et lui de- mander ensuite deux baisers : cela ne serait ni vraisemblable ni décent; ce n'est pas dans le milieu d'un jardin, puisque Clarice le prie de parler plus bas, de crainte que son père ne l'entende.

Il faut donc conclure que le lieu de la scène change souvent dans cette comédie, et qu'en cet endroit Alcippe, qui est chez Clarice, ne peut voir entrer Dorante, qui est dans la rue. Remar- quez aussi que les scènes iv^ et v* ne sont point liées, et que le théâtre reste vide. Seulement Alcippe annonce que Dorante paraît; mais il Tannonce mal à propos, puisqu'il ne peut le voir.

Vers 14. Mais ce n'est pas ici qu'il faut le quereller.

Quereller signifie aujourd'hui reprendre, faire des reproches, réprimander : il signifiait alors insulter, défier, et même se battre. Dans nos provinces méridionales, les tribunaux se servent du mot f/ucrcWer pouraccuser un homme, attaquer un testament, une convention : c'est un abus des mots ; le langage du barreau est partout barbare.

��1. Horace, Arl poétique, 93.

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