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508 REMARQUES SUR LE MENTEUR.

Vers 104. A'ois que fmii'ho sur fourbe à nos yeux il entasse, Et ne fait (]ue jouer des tours de iias-e-jjîisse.

Cette expression populaire ne paraît-elle pas ici déplacée?

Vers 108. Si mon |)èrc à présent porte parole au vôtre,

Après son tiMuoignage en voudrez-vous (iuel(|ue autre?

De pareils dénoinnents sont loujoiirs froids et vicieux, parce qu'ils n'ont point ce qu'on ap])ellc la péripétie, ils n'excitent aucune surprise ; il n'y a ni comique, ni intérêt. Si mon pcre con- sent il mon mariage, y consentez-vous? Oui. Ce n'est pas la peine de faire cinq actes i)our amener quelque chose de si trivial ; et, encore une fois, le caractère du Menteur est l'unique cause du succès.

Vers 115. Je ne lui ferai pas ce mauvais entretien.

Faire un mauvais entretien est un barharisme.

SCÈNE VU ET DEUMkUE.

Vers 8. Le devoir d'une fille est dans l'obéissance.

Venez donc recevoir ce doux commandement.

Il est assez singulier de remarquer que Corneille a placé ces deux mêmes vers dans la bouche de Camille et de Curiace, dans sa belle tragédie des Horaces^.

Vers 12. Je changerai pour toi cette pluie en rivière.

Plaisanterie bien recherchée. Un défaut de cette pièce est la répétition des façons et des gaietés d'une sotibrette à qui l'on fait quelques petits présents.

Vers dern. Par un si rare exemple apprenez à mentir.

C'est ici une plaisanterie de valet, mais elle paraît déplacée. On attend la morale de la pièce, qui est toute contraire au pro- pos de Cliton. Goldoni ne manque jamais à ce devoir. Tous ses dénoûmentssont accompagnés d'une courte leçon de vertu. Chez lui le Menteur est puni, et il doit l'être : il en a fait un malhon- nête homme, odieux et méprisable. Le Menteur, dans le poète espagnol et dans la copie faite par Corneille, n'est qu'un étourdi. Il y a peut-être plus d'intérêt dans l'italien, en ce que tous les mensonges du Buf/ianlo servent à ruiner les espérances d'un honnête homme discret, timide et fidèle.

1. Acte P"", scène iv.

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