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ACTE 111, SCKXE I. 0^7

C'est raiitoiir de Cinna, qui met dans li\ tèle d'un Homain qu'on ne doit se venger d'une princesse qu'en l'envoyant dans un niaii- vais lieu ; et c'est à sa femme qu'il tient ce langage !

Au reste, on doute fort que cette aventure soit vi-aic Ces contes qu'on nous fait de jeunes et belles chrétiennes condam- nées à la prostitution sont l'opposé des mœurs et des lois ro- maines. Une nation qui condamnait les vestales à être enterrées toutes vives pour une faiblesse n'avait garde de permettre qu'on l)rnsliluàt des princesses à des soldats pour cause de religion. On pourrait mettre un événement au théâtre si, sans être vrai, il avait été vraisemblable; mais il faudrait surtout qu'il fût noble et tragicpie : celui-ci est faux, ridicule et abominable. Il est tiré de ces légendes qui sont la honte de l'espiit humain.

Vers 30. Et le désespérer, ce n'est pas l'acquérir.

Comme si on ne désespérait pas ce Placide en envoyant au

b une fille respectable qu'il veut épouser! Valens ne savait-il

pas qu'on peut avec le temps pardonner le meurtre, et qu'on ne pardonne jamais les affronts ?

Vers 34. Je me saurai bientôt venger d'elle et de vous.

Voilà une impertinente créature : elle menace son mari, qui veut la venger. Si elle n'entend point de quoi il s'agit, c'est une grande sotte.

SCÈNE VII.

Vers 32. Dis-lui qu'à tout le peuple on va l'abandonner; Tranche le mot enfin, que je la prostitue.

Ce vers, et le mot ijrostituc, présentent l'image la plus dégoû- tante, la plus odieuse et la plus sale. Cela ne serait pas souffert à la Foire. Voilà pourtant le nœud de la pièce. On ne sort point d'étonnement que le même homme qui a imaginé le cinquième acte de Rodogune ait fait un pareil ouvrage.

��ACTE TROISIEME.

SCÈNE I.

A la fin. Soit ipie vous contraigniez pour vos dieux impuissants Mon corps à l'infamie, ou ma main à l'encens, Je saurai conserver d'une àme résolue A l'époux sans macule une épouse impollue.

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