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ACTE II, SCKXE II. 557

parle d'eux, de leur faire dire qu'ils sout méchants et exécrables : cela est trop éloigné de la nature. De plus, comment une voie infâme est-elle enseignée par la gloire? Elle peut l'être parTambi- tion. Enfin, quel intérêt a Cléopàtre de dire tant de mal d'elle- même?

Vers 47. Qui me pût conserver un l)ien que j'ai chéri Jusqu'à verser pour lui tout le sang d'un mari.

Ce pour lui gAte la phrase, aussi bien que le que, qui. Verser du sang pour un bien !

Vers 49. Dans l'état pitoyable où m'en réduit la suite....

C'est la suite du sang qu'elle a versé. Cela n'est pas net, et cet eu n'est pas heureusement placé.

Vers 50. Délice de mon cœur*, il faut que je te quitte....

L'amour que j'ai pour toi tourne en haine pour elle : Autant que l'un fut grand, l'autre sera cruelle.

Ce sont des expressions faites pour la tendresse, et non pour le trône. Un amour du trône qui se tourne en haine pour Rodo- gune, et l'un qui est grand, l'autre cruelle, tout cela n'est nulle- ment dans la nature, et l'expression n'en vaut pas mieux que le sentiment, ^^

Vers 31. On m'y force, il le faut.

Ne faudrait-il pas expliquer comment elle est forcée à résigner la couronne, puisqu'elle vient de dire qu'elle n'a rien à craindre, que le péril est passé ? Ne devrait-elle pas dire seulement : on l'exige, je l'ai pi'omis ?

Vers 53, L'amour que j'ai pour toi tourne en haine pour elle.

L'amour du trône fait sa haine pour Rodogune, mais ne tourne point en haine.

Vers 54. Autant que l'un fut grand, l'autre sera cruelle, La poésie n'admet guère ces l'un et l'autre.

Vers 33. Et puisqu'en le perdant j'ai sur qui me venger, ]Vla perte est supportable, et mon mal est léger.

Comment peut-elle dire que la perte d'un rang qui la rend forcenée lui sera supportable ?

\. Délices de mon cœur, dans toutes les éditions oritrinales.

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