Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome31.djvu/574

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[J(d4 remarques sur rodogune.

Clcopàtrc n'est pas adroite, quoiqu'elle se soit donnée pour une femme très-habile : dès qu'elle s'aperçoit que ses enfants ont horreur de sa proposition, elle ne doit pas insister. On ne per- suade point un crinic horrible i)ar de la colère et des eujporte- ments. Ouaiid IMièdio a laissé voir son amour à Hippolyte, et qu'IIippoh te répond ' : Oubliez-vous que Thcscc est mou pire et votre époux / elle rentre alors en elle-même, et dit : Et sur quoi jugez- vous que j'en perds la mémoire? Gela est dans la nature; mais peut- on supposer qu'une reine qui a de l'expérience persiste à révolter ses enfants contre elle, en se rendant horrible à leurs yeux? De quel droit leur dit-elle qu'elle peut disposer du trône comme de sa conquête, après avoir dit, dans la scène précédente, qu'elle ^st forcée de descendre du trône? Et comment peut-elle y être ■orcée en disant qu'elle est maîtresse de tout? Cette contradiction n'est-elle pas palpable? Faut-il que toute cette pièce, pleine de traits si fiers et si hardis, soit fondée sur de si grandes inconsé- quences !

Vers 149. Rien ne vous sert ici de faire les surpris.

Expression trop triviale, surtout dans une circonstance si tragique.

Vers 133. Et puisiiue mon seul chois vous y peut élever...

Cet y se rapporte à trône, qui est quatre vers auparavant. Les pronoms, les adverbes, doivent toujours être près des noms qu'ils désignent. C'est une règle à laquelle il n'y a point d'exception.

Vers '154. Pour jouir de mon crime, il le faut achever.

Ce vers est très-beau. Mais comment une reine habile peut- elle avouer son crime à ses enfants, et les presser d'en commettre un autre ?

SCÈNE IV.

Vers 1. Est-il une constance à l'épreuve du foudre

Dont ce cruel arrêt met notre espoir en poudre?

Voilà encore un foudre, dont un arrêt met un espoir en poudre; et Antiochus répond par écho à cette figure incohérente. Nouvelle preuve du peu de soin qu'on prenait alors de châtier son style. Despréaux est le premier qui ait appris comment on

1. Vhi'dre, acle II, scène v.

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