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ACTE III, SCÈNE IV. 573

Vers 63. Mais a-t-ello intérêt au choix que vous ferez,

Pour eu craindre les maux que vous vous figurez?

Il paraît naturel que Cléopùtrc ait intérêt à ce choix, puisque Rodogune peut choisir le cadcl, et que Cléopùtre doit choisir l'aîné. De plus, la phrase est trop louche : a-l-eUe uiiirét pour en craindre?

Vers 69. Chacun de nous à l'autre en peut céder sa part, El rendre à votre choix ce ({ù'il doit au hasard.

Chacun de nous peut céder sa part de son espérance, et rendre au choix de Rodogune ce qu'il doit au hasard: quel langage! quel tour! Il faudrait au moins: ce qu'il devrait au hasard, caries deux frères n'ont encore rien.

Vers 72. Votre inclination vaut bien un droit d'aînesse, Dont vous seriez traitée avec trop de rigueur.

Un droit d'aînesse dont on est traité avec rigueur; cela n'est pas français, et le vers n'est pas bien tourné.

Vers 73. On vous applaudiroit quand vous seriez à plaindre.

Applaudirait n'est pas le mot propre ; c'est on vous féliciterait. Vers 80. Princesse, à notre espoir ôtez cetie amertume.

Qu'est-ce qu'ôter l'amertume à un espoir?

Vers 81. Et permettez que l'heur qui suivra votre époux...

Un heur qui suit un époux, et qui redouble à le tenir! Tout cela est impropre, et n'est ni bien construit, ni français; ce sont autant de barbarismes.

Vers 82. Se puisse redoubler à le tenir de vous

est encore un barbarisme : Un heur qui redouble à le tenir! Il semble que ce soit cet heur qui tienne.

Vers 83. Ce beau feu vous aveugle autant comme il vous brûle, Et, tâchant d'avancer, son effort vous recule.

Cela n'est ni français, ni noble, ni exact. Aveugler et reculer sont des figures qui ne peuvent aller ensemble. Toute métaphore doit finir comme elle a commencé. Qu'est-ce que l'eifort d'un feu qui recule deux princes tâchant d'avancer?

Vers 87. Et moi, quelque vertu que votre cœur prépare...

ne paraît pas bien dit; on ne prépare pas une vertu, comme on prépare une réponse, un dessein, une action, un discours, etc.

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