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ACTE III, SCKNE IV. 573

elles naturelles? Ne voit-on pas qu'elles ne sont employées que pour pallier une horreur qu'elles ne pallient point?

Vers 120. J'écoute une clialour qui luY'loit {Irfonflue, etc.

Une chaleur défendue, un decuir qui rend un souvenir, un souvenir que les traites ne peuvent retenir, iont un amas de termes impropres et une construction trop vicieuse.

Vers 123. Tremblez, princes, tremblez au nom de votre père; Il est mort, et pour moi, par les mains d'une mère; Je l'avois oublié, sujette à d'autres lois; Mais libre, je lui rends enfin ce que je dois.

On seul bien qu'elle Aeut dire je ne l'avais pas vengé; mais le mot d'oublier, quand il est seul, signifie perdre la mémoire, excepté dans les cas suivants :ye veux bien l'oublier, vous devez l'oublier, il faut oublier les injures, etc. On n'est point sujette à des lois; cela n'est pas français : et de quelles lois veut-elle parler?

Vers 128. J'aime les fils du roi, je hais ceux de la reine.

Cette antithèse est-eîle bien naturelle? Une situation terrible permet-elle ces jeux d'esprit? Comment peut-on en effet haïr et aimer les mômes personnes? Et ce n'est point ainsi que parle la nature ^

Vers '133. Ce sang que vous portez, ce trône qu'il vous laisse, Valent bien que pour lui votre cœur s'intéresse.

On ne porte point un sang; il était aisé de dire ce sang qui coule en vous, ou le sang dont vous so)iez.

Vers '138. Qui peut contre elle et lui soulever votre esprit?

Le sens est louche : contre elle signifie contre votre gloire, et lui signifie votre amour; c'est là le sens, mais il faut le chercher -. la clarté est la première loi de l'art d'écrire. Et puis comment l'es- prit de ces princes peut-il être soulevé contre leur gloire? Est-ce parce qu'ils s'effrayent d'un parricide?

Vers 141. Vous devez la punir si vous la condamnez ; Vous devez l'imiter si vous la soutenez.

Rien de tout cela ne paraît vrai ; un fils n'est point du tout obligé de punir sa mère, quoiqu'il condamne ses crimes ; il doit encore moins l'imiter, quoiqu'il lui pardonne. Faut-il un raison- nement faux pour persuader une action détestable? Que veut

1. Molière, Misanthrope, acte I, scène u.

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