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ACTE IV, sci:M: m. S87

scfcM-: II.

Vers I. Les plus doux de mes vœux enfin sont exaucés.

Tu viens de vaincre, Amour! mais ce n'est pas assez.

Si tu veux triompher en cette conjoncture.

Après avoir vaincu, fais vaincre la nature;

Et préte-lui pour nous ces tendres sentiments

Que ton ardeur inspire aux cœurs des vrais amants.

Cette pitié qui force, et ces dignes foiblesses

Dont la vigueur détruit les fureurs vengeresses.

Tout cela ressemble à des stances de BoisrobcrI, où les vrais amants reviennent à tout propos.

Pourquoi lîodrigue et Chimène parlent-ils si bien, et Antio- clius et Rodogune si mal ? C'est que l'amour de Chimène est véritablement tragique, et que celui de Rodogune et d'Antiochus ne l'est point du tout: c'est nn amour froid dans un sujet ter- rible,

SCÈNE III.

Je ne sais si je me trompe, mais cette scène ne me paraît pas plus naturelle ni niieux faite que les précédentes. Il me semble ([ne Cléopâtre, après avoir dit à ses deux iils qu'elle couronnera celui qui aura assassiné sa luaîtresse, ne doit point parler fami- lièrement à Antioclius.

Vers 1. Eh bien ! Antiochus, vous dois-je la couronne?

C'est-à-dire : voulez-vous tuer Rodogune? Cela ne peut s'en- tendre autrement; cela même signifie : avez-vous tué Rodogune? Car elle n'a promis la couronne qu'à l'assassin.

Vers 7. Il a su me venger quand vous délibériez.

On ne peut imaginer que Cléopâtre veuille dire ici autre chose, sinon : Sèleucus vient de tuer sa mdUresse et la vôtre. A ce mot seul, Antiochus ne doit-il pas entrer en fureur?

Vers 8. Et je dois à son bras ce cjue \ ous espériez.

Ce verscontirme encore la mort de Rodogune ; il n'en est rien, à la vérité ; mais Cléopâtre le dit positivement. Comment Antio- chus n'est-il pas saisi du plus affreux désespoir à cette nouvelle épouvantable? Comment peut-il raisonner de sang-froid avec sa mère, comme si elle ne lui avait rien dit? Rien de tout cela n'est

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