Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
112
CORRESPONDANCE.

de Mlle de Charolais[1], dans lesquelles elle se plaignait continuellement de Monsieur le Duc. Tout cela me fait très-bien augurer de M. de La Trimouille, et je ne saurais m’empêcher d’estimer quelqu’un qui, à seize ans, veut besogner son roi et le gouverner. Je suis presque sûr que cela fera un très-bon sujet. Le roi ira sûrement à Fontainebleau, les premiers jours de septembre, et il y aura comédie. M. de Richelieu ira à Vienne, au mois de novembre. Pour moi, j’ai grande envie de passer avec vous tout le mois d’août, et de ne point aller à Vienne.



113. — À M. THIERIOT.

À Forges, 20 juillet.

Plus de Nouvelles à la main, mon cher ami, ni de gazettes ; on est à Forges à la source des nouvelles. Je ne vous conseille point de commencer votre édition[2] au prix que l’on vous propose ; je crois qu’il vaudrait mieux vous accommoder avec un libraire qui se chargerait des frais et des risques, et qui, en vous donnant cinquante ou soixante pistoles, vous conserverait votre tranquillité. Songez, je vous prie, à tous les périls qu’a courus Henri IV. Il n’est entré dans la capitale que par miracle. On a beaucoup crié contre lui ; et, comme la sévérité devient plus grande de jour en jour dans l’inquisition de la librairie, il se pourra fort bien faire qu’on saisisse les exemplaires de l’abbé de Chaulieu, à cause des prétendues impiétés qu’on y trouvera. D’ailleurs, soyez sûr que cela vous coûtera plus de cent pistoles, avant de l’avoir fait sortir de Rouen ; joignez à cela les frais du voyage, de l’entrepôt, et du débit, vous verrez que le gain sera très-médiocre, et que de plus il sera mal assuré ; ajoutez à cela que l’édition ne sera point achevée probablement quand il vous faudra partir de la Rivière, puisque Viret a été cinq mois à imprimer mon poëme. Encore une fois, je crois qu’il vaudrait mieux, pour vous, conclure votre marché à quelque cinquantaine de pistoles, pour vous épargner les embarras et les craintes inséparables de pareilles entreprises. Voilà quelles sont les représentations de votre conseil ; après cela vous en ferez à votre guise. J’ai fait des vers

  1. Louise-Anne, née le 23 juin 1695, morte le 8 avril 1758, était sœur de Marie-Anne, née le 10 octobre 1697, morte le 11 août 1741, connue sous le nom de Mlle de Clermont ; voyez la note 1, page 281 du tome II.
  2. Il s’agit d’une édition des Œuvres de Chaulieu, que Thieriot voulait donner et que Launai, auteur d’une comédie intitulée le Paresseux, publia en 1733. Voyez plus bas la lettre du 15 mai 1733, à Thieriot.