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ANNÉE 1725.

qu’il ait la bonté, quand il ira à Rouen, de dénicher un peu le faquin qui a donné ma Mariamne. Elle est pleine de fautes grossières et de vers qui ne sont point de moi ; j’en suis dans une colère de père qui voit ses enfants maltraités, et cela m’oblige de faire imprimer ma Mariamne plus tôt que je ne l’avais résolu, et dans un temps très-peu favorable. Il pleut des vers à Paris. M. de Lamotte veut absolument faire jouer son Œdipe[1] ; M. de Fontenelle fait des comédies tous les jours. Tout le monde fait des poèmes épiques ; j’ai mis les poèmes à la mode, comme Langlée y avait mis les falbalas. Si vous voulez des nouvelles, messieurs du clergé refusent de payer le cinquantième, et je m’imagine que, sur cela, la noblesse et le tiers état pourront bien penser de même. Les dames du palais partent demain, à l’exception de Mme la maréchale de Villars, qui est retenue par une perte de sang. Mme de Prie[2] a pris les devants avec Mme de Tallard, et, avant de partir, m’a donné un ordre pour le concierge de sa maison de Fontainebleau, où j’ai un appartement cet automne. Je verrai le mariage de la reine ; je ferai des vers pour elle[3], si elle en vaut la peine. J’en ferais plus volontiers pour vous si vous m’aimiez. Voilà le papier qui me manque. Adieu ; je vous aime de tout mon cœur.



147. — À M. THIERIOT[4].

À Paris, 25 juillet.

Je vous enverrai la Recherche de l’amitié au lieu de celle de la vérité, car je me soucie bien plus de l’une que de l’autre, et fais plus de cas de Thieriot, mon ami, que de Thieriot philosophe. Voilà encore une autre édition de Mariamne qui paraît d’hier, et une troisième dont on me menace. Vous voyez que l’honneur qu’on a fait à Lamotte d’écrire son Inès dans les représentations n’est pas un honneur si singulier qu’il le prétend. Je n’y sais à cela que de donner ma pièce et d’y corriger le plus de choses que je pourrai afin que l’air de la nouveauté soit joint à la correction dont elle avait besoin. On vient de me dire qu’il va aussi paraître une nouvelle édition du poème de la Ligue ; mais que mon poème

  1. Voyez tome II, page 47, note 3.
  2. Voyez la note 2, tome XVI, page 71.
  3. Voyez, tome X, page 250, l’Épitre à la Reine, en lui envoyant la tragédie de Mariamne.
  4. Éditeurs, de Cayrol et François.