Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/336

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touche les Lettres anglaises pour vous les renvoyer. Je viens de finir le Temple du Goût, ouvrage que j’aurais dû dédier à vous et à M. de Cideville, si M. le cardinal de Polignac[1] et M. l’abbé de Rothelin[2] ne me l’avaient pas demandé. Je le fais partir par la poste, et je pars, dans l’instant, pour Versailles, où l’on m’adresse les préfaces de Zaïre. Vous autres, qui avez un peu de loisir, écrivez-nous de longues lettres, à nous misérables qui n’y pouvons répondre qu’en billets écourtés. Mandez un peu ce que vous pensez du Temple du Goût : car, après tout, messieurs, c’est votre affaire ; et il s’agit de votre dieu et de votre église. Vous êtes les apôtres de la religion que je vais prêchant. Dieu veuille que vous ne me traitiez pas d’hérétique ! Adieu.


303. — Á M. L’ABBÉ D’OLIVET.
Ce dimanche…

Je vous regarderai toute ma vie comme mon maître, et vous aurez toujours sur moi vos premiers droits. Je vous dois toutes les prémices de ce que je fais. Comptez, mon cher monsieur, que vous aurez en moi, toute ma vie, un ami tendre et attentif. Je n’aurai Zaïre que dans sept ou huit jours ; vous croyez bien que vous serez des premiers à qui je ferai ce petit hommage. Si placeo tuum est[3] ; et placerem bien davantage si j’étais assez heureux pour passer ma vie avec vous ; mais


Non me fata meis patiuntur ducere vitam
Auspiciis, et sponte mea componere curas.

(Virg., Enéide, IV, v. 340.)

On ne fait rien dans ce monde de ce qu’on voudrait, et je passe ma vie à vous regretter. Vale, dilige tuum amicum, tuum discipulum, qui vous est toujours dévoué avec l’amitié la plus respectueuse.


304. — Á M. DE CIDEVILLE.
Mardi, 30 décembre.

Lorsque je vous écrivis, il y a quelques jours, mon cher Cideville, et que je vous mandai que ceux qui sont à la tête de la librairie permettaient tacitement l’impression de l’Èpître dédicatoire de Zaïre, j’oubliai, comme un étourdi, de vous dire


  1. Voyez tome XIV, page 116.
  2. Voyez tome VIII, une des notes sur le Temple du Goût.
  3. Horace, livre IV, ode iii, vers dernier.