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les nouvelles du Parnasse, auxquelles je m’intéresse plus qu’à la mort du roi Auguste.


315. – Á M. DE CIDEVILLE.
Ce mardi, 17 mars.

Formont est arrivé, sed sine te ; il a vu Gustave Wasa avant de me voir ; je crois cependant qu′à la longue je lui donnerai plus de satisfaction. Je viens de faire partir par le coche de Rouen, mon cher ami, un petit paquet de toile cirée contenant deux exemplaires du Temple du Goût, ouvrage bien différent de la petite esquisse que je vous envoyai, il y a quelques mois. Je ne vous écris que bien rarement, mon cher Cideville ; mais, si vous saviez à quel point je suis malade, ce qu’il m’en coûte pour écrire, et combien les poëtes tragiques sont paresseux, vous m’excuseriez. Je peux faire une scène de tragédie dans mon lit, parce que cela se fait sans se baisser sur une table, et sans que le corps y ait part ; mais, quand il faut mettre la main à la plume, la seule posture que cela demande me fait mal. Je suis à présent dans l’état du monde le plus cruel ; mais le plaisir d’être aimé de vous me console[1] · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · Adieu, mon aimable Cideville ; si j’obéissais à mon cœur, je vous écrirais des volumes ; mais je suis esclave de mon corps, et je finis pour souffrir et pour enrager. Mandez-moi ce qu’est devenue la présidente de Bernières.

J’ai été si malade que je n’ai pu faire encore que quatre actes de ma nouvelle tragédie[2].


316. — Á M. DE CIDEVILLE.
Ce mercredi, 25 mars.

Au nom de Dieu, mon cher Cideville, empêchez que Jore ne parte avec son Temple. Je ne peux vous envoyer encore, aujourd’hui, les changements qui sont en grand nombre, qui sont considérables et nécessaires. On clabaude ici ; on crie, on critique. Il faut apaiser les plaintes, il faut imposer silence à la censure. Je travaille jour et nuit. Il est essentiel pour moi qu’une seconde édition paraisse, purgée des fautes de la première, et pleine de

  1. Le papier est coupé dans l’original ; il y manque quelques lignes seulement. (Cl.)
  2. Adélaïde du Guesclin.