Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome33.djvu/409

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

373. — Á M. DE MONCRIF[1].
1er novembre.

Aimab]e Moncrif, ami tendre et attentif, j’ai été si malade que je n’ai pu venir vous remercier des soins que vous voulez bien prendre de faire réussir mes petites propositions auprès de M. de Carignan.

Je ne connais point de meilleur négociateur que vous. Vous avez, avec bien des talents, celui qui vaut mieux que tous les autres ensemble : c’est celui de plaire. Je ne vous ai jamais vu que vous ne m’en ayez convaincu ; aussi je vous aime autant que j’estime les Tithons, les Aurores, et ces moineaux auxquels je ressemble si peu. – Vale.You must love me a little.


374. — Á M. DE MONCRIF[2].
… 1733.

L’auteur de l'Empire de l’Amour viendra-t-il demain dîner vers les deux heures dans l’empire des hypocondres, chez son ami malade, qui gît vis-à-vis Saint-Gervais, rue du Long-Pont ? A-t-il eu la bonté d’en dire deux mots à sa grosse gaguie de femme, le chevalier de Brassac ? S’il trouve aussi ce vaurien de La Clède, veut-il bien l’amener, ou mander s’il n’y a rien à espérer, et si le malade dînera sans eux ?

A-t-il eu la bonté de pressentir Son Altesse sérénissime sur Adélaïde ? Je veux faire un effort de poitrine pour votre prince. Adieu ; je vous aime de tout mon cœur, et cela sans effort.


375. — Á M. L’ABBÉ DE SADE.
À Paris, le 13 novembre.

Vous m’avez écrit, monsieur, en arrivant, et je me suis bien douté que vous n’auriez pas demeuré huit jours dans ce pays-là que vous n’écririez plus qu’à vos maîtresses. Je vous fais mon compliment sur le mariage de monsieur votre frère ; mais j’aimerais encore mieux vous voir sacrer que de lui voir donner la bénédiction nuptiale. On s’est très-souvent repenti du sacrement de mariage, et jamais de l’onction épiscopale.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Éditeurs, de Cayrol et François.